Olivier Véran a annoncé lors d’une conférence de presse ce jeudi 18 février que le variant “anglais”, 501Y.V1, représentait aujourd’hui 36% des cas positifs de coronavirus détectés en France. Les variants “sud africain” et “brésilien” (501Y.V2 et V3) sont à l’origine d’environ 5% des contaminations.
La semaine dernière, les chiffres pour les variants V2 et V3 étaient similaires, mais on voit que la souche anglaise progresse elle inexorablement. Le 11 février, seules 20 à 25% des contaminations étaient dues au variant V1.
Le ministre de la Santé a rappelé que la présence de ces versions contenant de nombreuses mutations problématiques est très variable en fonction des départements, comme on peut le voir sur la carte en haut de l’article.
Variants majoritaires à Dunkerque et Mayotte
Si ces variants anglais (V1), sud-africains (V2) et brésiliens (V3) sont si surveillés, c’est parce qu’ils sont plus problématiques que les souches classiques du Sars-Cov2. V1 est plus contagieux (de 35% à 75% selon les dernières études en date). Quant à V2 et V3, ils pourraient également se propager plus facilement, voire réussir à infecter certaines personnes normalement immunisées.
Sur la Moselle, où des variants V2 et V3 ont été découverts en proportion importante, le ministre de la Santé ne semblait pas particulièrement alarmé, car l’incidence est en baisse (même si cela peut cacher une hausse en sous-marin des variants).
Il a par contre attiré l’attention sur certains territoires, à l’instar de “Dunkerque où le variant britannique est présent à 72% et où l’incidence, en hausse, dépasse les 600 cas pour 100.000 habitants”. Olivier Véran a également rappelé que la pression sanitaire était “très élevée” à Mayotte, où un confinement est en cours et où le variant sud-africain représente 69% des cas.
Un risque d’explosion et des incertitudes
Le risque, évidemment, c’est de voir succéder au plateau une hausse de l’épidémie une fois le variant devenu dominant. Imaginons qu’avec les mesures actuelles, couvre-feu compris, le taux de reproduction du virus, le fameux “R effectif”, soit de 0,8. Cela veut dire qu’une personne infectée en contamine en moyenne 0,8. Donc, l’épidémie baisse.
Mais avec un variant, disons, 50% plus contagieux (les estimations fluctuent entre 35% et 75%), les choses changent. Si le coronavirus classique, avec les mesures actuelles, a un R de 0,8, celui du coronavirus 501Y.V1 (variant anglais) se situerait autour de 1.2. Et là, l’épidémie progresse. Exponentiellement.
Les scénarios de divers modèles, comme dans une récente étude réalisée par l’Inserm et présentée lors de la conférence de presse, vont dans ce sens. “Ces projections ont leur marge d’incertitude, mais nous montrent ce qui pourrait se passer dans les prochaines semaines”, a commenté Olivier Véran, appelant à rester vigilant et à “faire mentir les courbes”.
Il a également rappelé, en voulant jouer la transparence, qu’un “fort taux de variant ne s’accompagne pas toujours, ou en tout cas pas maintenant, d’une augmentation du nombre des contaminations et nous ne savons pas l’expliquer”. La question se pose également dans d’autres pays, comme le Danemark ou les Pays-Bas, où l’épidémie chute depuis des semaines, alors que la part du variant anglais est de plus en plus importante. Même si la baisse diminue dans ces pays (aux Pays-Bas, de premières hausses ont été observées)
Comme le rappelait récemment sur Twitter la spécialiste des maladies infectieuses Muge Cevik, l’augmentation de transmissibilité due au variant anglais n’est qu’un des nombreux paramètres liés à la hausse ou la baisse de l’épidémie de coronavirus. Reste à voir ce que tous ces paramètres additionnés entraîneront comme situation en France.
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