Cyberharcèlement de Mila: prison avec sursis pour 11 jeunes, un relaxé
Onze des treize prévenus ont écopé de peines de prison avec sursis allant de 4 à 6 mois et une personne a été relaxée faute de preuves. Le tribunal a retenu un vice de procédure dans le cas d’un autre prévenu.
Plusieurs prévenus devront s’acquitter d’une amende de 1500 euros envers Mila en raison des souffrances qu’elle a endurées et à 1000 euros chacun pour les frais d’avocats. À l’exception du vice de procédure, la condamnation est similaire aux réquisitions du parquet prononcées fin juin.
“Nous vous considérons responsables des dommages causés à Mila”, a souligné le président de la 10e chambre correctionnelle, Michaël Humbert, en rendant son jugement. “Le réseau social, c’est la rue. Quand vous croisez quelqu’un dans la rue, on s’interdirait d’insulter quelqu’un, de le menacer, de se moquer. Ce que vous ne faites pas dans la rue, ne le faites pas sur les réseaux sociaux”, a insisté le magistrat.
À l’issue de l’audience, Mila a remercié ses soutiens, dont “ses parents, (…) son avocat, les forces de l’ordre qui assurent ma protection, les féministes et les associations anti-racistes qui ont eu le courage de me soutenir.” “Je m’attendais à bien pire” sur ce jugement et “on a gagné”, a-t-elle déclaré au micro de BFMTV.
L’audience était aussi l’une des toutes premières consacrées à l’infraction de cyberharcèlement, créée par une loi de 2018. Elle peut être constituée dès lors que plusieurs personnes s’en prenant à une même victime savent que leurs propos ou comportements caractérisent une répétition, sans que chacune de ces personnes ait agi de façon répétée ou concertée.
À la barre, les jeunes hommes et femmes, âgés de 18 à 29 ans et pour la plupart sans antécédents judiciaires, ont en majorité reconnu être les auteurs des messages. “Qu’elle crève”, “tu mérites de te faire égorger sale pute”, “que quelqu’un lui broie le crâne par pitié”, ont-ils notamment écrit en novembre 2020, en réponse à une nouvelle vidéo de Mila critiquant l’islam.
“Raz-de-marée de haine”
Mais ils ont en grande partie contesté avoir su que l’adolescente était la victime d’un harcèlement en ligne, et ainsi leur participation à un “raid” numérique. Une défense contestée par le représentant du ministère public, selon qui les prévenus ne pouvaient l’ignorer, dix mois après une première vidéo de Mila devenue virale et le déferlement de haine qui s’en était suivi, lui conférant une notoriété.
En janvier 2020, l’adolescente, alors âgée de 16 ans et demi, avait répondu à des injures sur les réseaux sociaux sur son orientation sexuelle par le biais d’une vidéo véhémente sur l’islam mais “dans les strictes limites” de la liberté d’expression, avait rappelé le procureur.
Cible d’un “raz-de-marée de haine”, Mila avait été contrainte de quitter son lycée et de vivre sous protection policière.
Elle s’était attirée une nouvelle salve de menaces après la publication d’une seconde vidéo polémique, le 14 novembre, dans laquelle elle lançait: “et dernière chose, surveillez votre pote Allah, s’il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j’les ai toujours pas sortis”.
Mila a reçu selon son avocat Richard Malka “100.000 messages” haineux.
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