De plus en plus de maisons menacées de fissures par le changement climatique
En France, un peu plus de dix millions de maisons individuelles, dont plus de la moitié bâties après 1976, sont moyennement ou fortement exposées au retrait-gonflement des sols argileux (RGA). Soit 54 % du parc, sur 48 % du territoire métropolitain. Les trois quarts des communes ont plus de la moitié des maisons exposées.
Le RGA est un phénomène naturel : en période sèche, ces sols, plastiques, se contractent avec l’évaporation de l’eau qu’ils contiennent, tandis qu’avec les précipitations, l’augmentation de leur teneur en eau les fait gonfler. Cependant, le réchauffement en cours accroît l’intensité de ces cycles et donc des variations du volume du sol. Ce qui entraîne des fissures et des déformations de plus en plus nombreuses et sévères sur les structures légères que sont les maisons et les petites routes.
Selon le ministère de la Transition écologique, ce phénomène représente à lui seul 20 % des arrêtés de catastrophe naturelle et 36 % des coûts d’indemnisation. Pour l’avenir, France Assureurs a estimé qu’avec le réchauffement, le coût cumulé du risque sécheresse pour les assureurs passerait de 13,8 milliards d’euros pour la période 1989-2019 à 43 milliards pour 2020-2050 toutes choses égales par ailleurs, soit un triplement de la charge moyenne annuelle.
Quid des maisons déjà construites ?
Quelles stratégies pour s’adapter à ce fléau qui va en s’amplifiant ? S’agissant des maisons neuves, il existe des bonnes pratiques de construction pour prévenir les dommages. Encore faut-il qu’elles soient connues et appliquées.
Il est toujours moins coûteux de renforcer les fondations d’une maison au moment où elle est bâtie que de devoir les reprendre une fois les dégâts constatés
La loi Elan de 2018 a fait un pas dans le bon sens en imposant une obligation d’information, mais est-ce suffisant et ne faudrait-il pas imposer des normes de construction ? Il sera en tous les cas toujours moins coûteux de renforcer les fondations d’une maison au moment où elle est bâtie que de devoir les reprendre une fois les dégâts constatés.
Qu’en est-il des maisons déjà construites ? Dans une étude sur les coûts de l’adaptation, le think tank I4CE rappelle l’évidence : traiter préventivement la totalité des maisons exposées se chiffrerait en dizaines de milliards d’euros et représenterait un coût bien supérieur à la prise en charge au cas par cas des dommages constatés. Il existe par ailleurs, indique le Cerema, des techniques moins coûteuses qu’une reprise classique des fondations, comme l’injection d’eau pour maintenir l’humidité du sol.
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