Qui travaille vraiment ? Les nouvelles formes d’exploitation dévoilées
Dans son dernier livre, “Qui travaille vraiment. Essai sur l’invisibilisation du travail” (Payot), le sociologue et enseignant Denis Colombi aborde les nouvelles formes d’exploitation du travail et la façon dont elles affectent notre société. Il met en lumière l’évolution du travail, bien loin de l’image répétitive et monotone dépeinte par Charlie Chaplin dans “Les temps modernes”.
La progression des formes d’exploitation
Dans son livre, Colombi mentionne que 36% des travailleurs d’aujourd’hui ont des horaires atypiques. Il explique que cela reflète une progression des formes d’exploitation, avec un flou grandissant entre le temps de travail et le temps de loisirs. Cette situation touche divers secteurs, des professions médicales aux enseignants, en passant par les cadres et managers.
Emergence de nouvelles catégories d’ouvriers
Selon Colombi, notre perception des ouvriers est souvent stéréotypée, restant figée sur l’image des travailleurs industriels des grandes entreprises. Pourtant, aujourd’hui, le spectre des ouvriers est bien plus large, incluant les chauffeurs Uber, les livreurs de repas, les employés de la logistique, et bien d’autres professions. Ces travailleurs ont souvent peu de marge de manœuvre dans leur travail et sont souvent invisibilisés, malgré l’importance de leur rôle.
L’extension du travail prescrit chez les enseignants
Colombi note également une augmentation du travail prescrit chez les enseignants, qui sont de plus en plus considérés comme de simples exécutants des décisions ministérielles. Il souligne une tendance à la déqualification et à la prolétarisation de la profession enseignante.
Les femmes et les nouvelles formes d’exploitation
L’auteur fait également remarquer que les métiers féminins sont souvent touchés par ces nouvelles formes d’exploitation. Les femmes, souvent cantonnées à des emplois précaires ou atypiques, sont fréquemment invisibilisées et leur travail n’est pas suffisamment reconnu pour ses qualités professionnelles.
L’invisibilisation du travail : une réalité croissante
Colombi soulève le problème de l’invisibilisation du travail, qui touche de nombreuses catégories d’ouvriers et d’employés. Cette invisibilisation découle en partie de l’individualisation et de l’atomisation du travail, mais elle est également alimentée par la mécanisation et la robotisation.
Automatisation du travail : Une menace pour les travailleurs ?
Selon Colombi, l’automatisation du travail représente une menace, mais pas nécessairement sous la forme d’un remplacement des travailleurs par des machines. La robotisation entraîne plutôt une intensification du travail et un risque de déqualification.
Le travail domestique : une frontière floue
L’auteur aborde également le sujet du travail domestique et de son invisibilisation. Il souligne la nécessité d’une meilleure répartition du travail domestique et d’une revalorisation des métiers féminins.
Le travail : un concept critique en sociologie
Enfin, Colombi rappelle l’importance du travail en tant que concept critique en sociologie. Il souligne que la sociologie contemporaine est née avec l’analyse du monde du travail, et que ce concept reste essentiel pour comprendre les dynamiques sociales d’aujourd’hui.
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