Difficile de s’inventer ou de se réinventer sans pouvoir s’inspirer d’une autre personne. Notre personnalité se construit en partie dans nos interactions avec notre environnement et notre entreprise aussi.
Les femmes qui réussissent nous donnent l’énergie positive et le miroir encourageant qui nous manque certains jours. Ce sont des compagnes de route que l’on imagine nous encourager ou nous tendre la main les jours sans, et nous féliciter les jours avec.
Permettez-nous de descendre de quelques étages, face à notre propre réalité
Parlez-moi de femmes exceptionnelles, pas de femmes inaccessibles
Oui, je suis en quête de celles qui ont des enfants, la charge mentale ad hoc, de celles qui ont connu les affres de l’échec et la satisfaction du rebond en cours de carrière, de celles dont la vie ne ressemble pas à une story Instagram.
Les role models au féminin que l’on me propose dans les médias n’entrent pas plus en résonance avec moi qu’Elon Musk ou Xavier Niel: oui le parcours d’une Michelle Obama est “inspirant”, mais il relève d’un conte de fées difficile à enclencher pour de vrai… Il y a ces femmes iconiques, déesses émergées de notre plafond de verre par la grâce médiatique: cadres dirigeantes de grands groupes, femmes politiques, startupeuses à succès, mais je ne me reconnais pas non plus dans ces femmes-là, dont la vie, heureusement pour elles, ressemble à un reportage de Paris-Match. Attention: ne leur enlevons pas leur mérite ni leur talent: beaucoup ont gravi les échelons, affronté mille obstacles, brisé le plafond de verre à coups d’audace. Elles ont rendu plus visibles les entrepreneures que nous sommes et il faut les remercier.
Mais aujourd’hui, avec ma cinquantaine startupeuse, j’ai besoin qu’une nouvelle page s’écrive. Puisqu’on nous a tendu la main de l’égalité, prenons le bras tout entier. Je veux plus de femmes que personne ne connaît, mais dont je vois chaque jour la valeur en rendez-vous, en réunion, dans les colloques et les séminaires. De ces femmes qui quotidiennement créent, dirigent et développent, car oui, 41% des entreprises sont créées par des femmes. Même si nous ne sommes que 14% à exercer le métier de cheffe d’entreprise, nous sommes quand même légion. Nous n’avons pas toutes entre 25 et 35 ans, nous venons de tous les horizons. Si ces femmes sont régulièrement dans les médias, quel que soit leur profil, alors le fait que nous soyons à la tête de nos startups, de nos PME, deviendra quelque chose de normal. Ce sera un possible parmi d’autres dans lequel jeunes comme moins jeunes décideront de s’engager naturellement, comme elles le font pour d’autres métiers, sans s’embarrasser du sac à dos de l’imposteur ni du fardeau de l’autocensure. Je découvrirai enfin les business de ces femmes non intagrammables, mais si belles par leurs idées, leurs parcours, leurs talents.
Pour qu’entreprendre en tant que femme devienne délicieusement banal
“Nul ne peut changer la vie sans être transporté par des modèles témoignant qu’une autre vie est possible, que l’impossible n’est qu’une question de point de vue, et que l’on peut toujours rêver mieux et agir plus grand.” écrit le philosophe Vincent Cespedes.
Plus l’on parlera de business et de femmes qui osent, plus nous aurons l’égalité de traitement, plus nous franchirons le pas, d’où que l’on vienne, quel que soit l’âge ou le parcours. Cette banalisation nous mettra à l’égal de nos homologues masculins sous bien des aspects. Nous pourrons observer les réussites des femmes dans tous les domaines. Je citerais en exemple les levées de fonds: les femmes lèvent moins que les hommes, parce qu’elles présentent des business souvent méconnus des investisseurs, qui ne s’y reconnaissent pas. J’aimerais que demain, ils connaissent plus de secteurs d’activité, qu’ils n’hésitent plus, et que plus de femmes siègent aux comités d’investissement.
Nous ne pouvons pas toutes être des Michelle Obama, des Mercedes Erra, des Ursula Van der Leyen, mais nous pouvons exercer des responsabilités, nous méritons toutes qu’on nous le propose, et de choisir de le faire si nous le voulons. Parlez plus des femmes qui osent au quotidien, sans strass ni caméras, et demain, beaucoup plus d’entre elles iront vers les responsabilités, sans besoin de perches ni de quotas. Quant à moi, je serai une startupeuse de cinquante ans qui se nourrit de la belle réussite de femmes qui me ressemblent, j’accepterai leurs possibles et les ferai peut-être miens.
Et ce sera parfait.
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