Donald Trump en 2024 : Plongée dans le Nouvel Univers Étrange de sa Campagne Présidentielle

Révision radicale : un tournant politique en vue

Cette année, le révisionnisme radical s’impose comme un thème central dans un paysage politique en pleine mutation. En effet, une alchimie politique singulière a réussi à transformer un ancien Président, pourtant défait et discrédité, en un candidat républicain parfaitement électable.

Le jour de Noël, Donald Trump a publié son traditionnel message festif sur Truth Social, la plateforme qu’il a conçue pour son enrichissement personnel et ses ambitions politiques. Dans son message, il a réitéré ses menaces de reprendre le canal de Panama, a évoqué le Canada comme le “51e État” des États-Unis et a proposé d’acheter le Groenland “pour des raisons de sécurité nationale”. Il a également souhaité un joyeux Noël aux “Radical Left Lunatics” qu’il prétend avoir récemment vaincus lors de “la plus grande élection de l’histoire de notre pays”. Peut-on vraiment considérer ces propos comme autre chose que dérisoires ? À l’approche de 2024, le sentiment général face aux déclarations souvent irrationnelles de l’ex-Président semble être davantage l’indifférence que la résistance explicite. On pourrait parler de résignation face à la réalité politique : Trump est à vingt-cinq jours de retourner à la Maison Blanche.

Il y a un an, une victoire de Trump ne semblait pas inconcevable. L’humeur anti-incumbente de l’électorat américain et sa capacité à écarter facilement ses concurrents républicains laissaient entrevoir cette issue. Cependant, en ce début 2024, la victoire de Trump n’était pas encore acquise, et sa narration sur un “mandat sans précédent et puissant” a effacé toute pensée alternative sur son retour au pouvoir.

Cette année, le révisionnisme radical, tant par Trump que pour son compte, est devenu un thème central, transformant un ancien Président affaibli et sous le coup de plusieurs inculpations en un candidat républicain électable, soutenu par un style de communication singulier et un ensemble de griefs. La réécriture de l’histoire, la relitigation des anciennes batailles et la revancharde revanche ont porté leurs fruits pour Trump, et il est probable que ces thèmes, accompagnés de vengeance et de représailles, dominent son nouveau mandat qui commencera le 20 janvier.

Trump se positionne comme un conservateur dans un sens totalement nouveau : il n’est pas un républicain qui s’en tient au statu quo, mais un prétendant à un pouvoir fort, dont l’attachement à un passé idéalisé deviendra l’idéologie gouvernante du pays.

Depuis 2018, j’ai produit une version de cette lettre de fin d’année. Ce qui frappe aujourd’hui, à l’aube du retour de Trump à la Maison Blanche, c’est moins sa domination continue que la constance de ses méthodes : gouverner par des déclarations sur les réseaux sociaux, cycles d’actualités déconcertants et normalisation de ce qui était auparavant jugé inacceptable. Ses cibles restent remarquablement similaires d’année en année : les “Radical Left Lunatics”, les éoliennes, Justin Trudeau. Dans son message de Noël 2023, Trump a souhaité des vacances heureuses tout en priant pour que ses ennemis “pourrissent en enfer”. Ce que nous avons oublié à son sujet pourrait remplir des livres entiers sur d’autres présidents. Cet exercice de fin d’année a été une petite tentative de se souvenir.

À l’aube de 2024, il est crucial de garder cela à l’esprit, surtout après une année électorale où la capacité de Trump à exploiter l’oubli collectif de l’Amérique a été révélée comme l’une de ses superpuissances. Des événements marquants comme son procès criminel sans précédent et ses multiples condamnations en mai ont défié toute logique. Les retombées de ces incidents, combinées aux dynamiques électorales, ont façonné le paysage politique actuel, où l’irrévérencieux Trump semble plus puissant que jamais.

Nous ne devons pas oublier tout cela. Le véritable danger réside dans l’oubli collectif, tant chez ses alliés que chez ses détracteurs, qui choisissent d’ignorer ses promesses les plus extrêmes, comme les déportations massives ou la promesse de mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures. Ce qui m’inquiète le plus, c’est ce sentiment croissant que Trump entre en fonction sans véritable opposition, un signe alarmant que ses adversaires ont été efficacement discrédités.

Alors que nous nous dirigeons vers 2025, les avertissements concernant les dangers d’un Trump incontrôlé ne sont pas exagérés. Au contraire, le sentiment que Trump entre en fonction sans contestation sérieuse est de plus en plus préoccupant. Bien que Trump puisse croire qu’il peut réécrire l’histoire à sa guise, son passé pourrait bien servir de précédent pour son second mandat. Si les électeurs américains et le Parti républicain n’ont pas pu l’arrêter, ses nombreuses faiblesses personnelles pourraient jouer en sa défaveur. Les présidents, en particulier durant leur second mandat, peuvent trébucher sous le poids des scandales et de l’incompétence, comme l’a montré son premier mandat. En 2025, il sera temps pour tous ceux qui s’opposent à lui de se lever.