La docteure Mirta Averbuch dirige l’unité de médecine du sommeil de l’Institut des neurosciences de l’université Favaloro à Buenos Aires. Elle explique ce qui se passe dans notre esprit pendant les terreurs nocturnes, et pourquoi il se peut que vous en ayez fait l’expérience récemment.
VICE : C’est quoi au juste, les terreurs nocturnes ?
Mirta Averbuch : Il existe un groupe de troubles du sommeil appelé parasomnie, qui comprend notamment les terreurs nocturnes, le somnambulisme et l’énurésie, ou pipi au lit. Ils surviennent au cours d’une phase de sommeil profond qui s’étend généralement sur les trois premières heures après l’endormissement.
Quelle est la différence entre une terreur nocturne et un cauchemar ?
Nous rêvons normalement trois ou quatre fois par nuit. Les cauchemars surviennent pendant le sommeil paradoxal [phase pendant laquelle les yeux bougent bien qu’ils soient fermés]. Ce sont des rêves catastrophiques intimement liés à la mémoire. En général, lorsqu’une personne se réveille après un cauchemar, elle se souvient consciemment de ce dont elle a rêvé, alors qu’après des terreurs nocturnes, elle ne se souvient de rien. Même si la personne crie, a les yeux ouverts et est assise dans son lit, elle est profondément endormie. Cela peut sembler très pénible, mais le lendemain, elle ne s’en souviendra pas.
Que faire si on est témoin d’une terreur nocturne ?
Si vous êtes témoin d’une terreur nocturne chez un enfant, le mieux est de rester à ses côtés et d’essayer de le calmer, mais il ne faut surtout pas le réveiller au risque de provoquer une réaction violente. Prenez-le plutôt dans vos bras et massez-lui le dos. L’incident ne durera pas longtemps, quelques secondes seulement. Allumez une lumière, de sorte que s’il se réveille, il puisse voir avec clarté, ce qui l’aidera à éviter un état de confusion et à rester calme. Les terreurs nocturnes ne sont pas dangereuses en soi. Il est également important de s’assurer que la personne dort suffisamment, car ces épisodes peuvent être causés par un manque de sommeil. Un adulte a besoin de sept à huit heures de sommeil par nuit.
Pourquoi les enfants sont-ils plus touchés que les adultes ?
C’est le cas de toutes les parasomnies. Le somnambulisme, les terreurs nocturnes – ils affectent davantage les enfants car leur cerveau est encore en développement. Il existe également des facteurs héréditaires : il est plus fréquent que les enfants souffrent de terreurs nocturnes ou de somnambulisme si leurs parents ont connu les mêmes troubles.
Je me demande toujours ce que ces enfants voient que nous ne pouvons pas voir, lorsque leurs yeux sont grands ouverts avec cette expression de terreur. C’est un grand point d’interrogation qui reste sans réponse, et c’est quelque chose qu’il faut chercher à comprendre davantage.
Il peut y avoir des facteurs déclencheurs, comme le stress, le manque de sommeil ou la fièvre. Mais ce que nous constatons aujourd’hui, après une année environ de pandémie et d’isolement, c’est que les attaques de panique ont augmenté. L’attaque de panique peut survenir pendant la journée ou être nocturne. Si elle survient la nuit, elle peut être vécue d’une manière similaire à une terreur nocturne, mais dans ce cas, la personne se réveille et peut présenter une tachycardie, une pâleur et un essoufflement.
Il y a donc une grande différence entre une terreur nocturne et une crise de panique nocturne ?
Oui. Les attaques de panique réveillent la personne avec une sensation de mort imminente. Dans ce cas, lorsque la personne se réveille, elle reconnaît ce qui lui arrive, et la meilleure chose qu’elle puisse faire est de respirer profondément, de boire de l’eau et d’essayer de se calmer. Nous observons actuellement une augmentation des cauchemars et des attaques de panique chez les adultes.
Comment faire pour minimiser ces problèmes ?
Dans le cas des terreurs nocturnes, si nous parlons d’adultes, je vous conseille d’essayer d’avoir un sommeil de meilleure qualité. Ne buvez pas trop d’alcool avant de vous coucher, ne mangez pas trop à l’heure des repas. Si vous avez des crises de panique, je vous recommande de faire des exercices de respiration ou de relaxation. Si elles se produisent très souvent, c’est-à-dire trois fois par semaine, vous devriez consulter un spécialiste avant de prendre des médicaments, car un autre problème que nous constatons est que les gens utilisent de plus en plus des anxiolytiques qui ne leur ont pas été prescrits.
Y a-t-il un risque de blesser quelqu’un pendant ou après une terreur nocturne ?
En général, non. La personne qui a une terreur nocturne est endormie, elle ne peut rien faire. De nombreuses personnes éprouvent des terreurs nocturnes dans leur lit, pendant quelques secondes seulement, puis se rendorment. Il arrive parfois que les terreurs nocturnes aillent de pair avec le somnambulisme, c’est-à-dire que la personne se lève, ouvre les yeux, crie et sort parfois de la pièce en courant.
Si vous êtes victime de somnambulisme, vous pouvez prendre des mesures de précaution. Ne dormez pas dans un lit superposé, car vous pourriez tomber. Pensez aussi à ranger les objets qui pourraient vous blesser. Il faut également verrouiller les portes et retirer la clé, ne pas laisser les fenêtres ouvertes et éviter de laisser traîner des objets qui pourraient vous faire trébucher ou tomber. Surtout, il faut rester calme.
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