Le préfet de Guadeloupe a aussi annoncé l’instauration d’un couvre-feu immédiat entre 18h et 5h locales, “compte tenu des mouvements sociaux en cours dans le département et des actes de vandalisme”.
Dans un communiqué, le préfet Alexandre Rochatte dit tenir compte des “incendies de biens publics, barrages sur les routes, jets de pierres sur les forces de l’ordre, tirs de mortier”, et interdit également la vente d’essence en jerrican. Dans un second communiqué, la préfecture a précisé que la mesure durerait jusqu’au 23 novembre, et ne s’appliquerait pas aux îles de la Désirade, de Marie-Galante et des Saintes.
La radio locale RCI fait état d’une “nuit mouvementée” entre jeudi et vendredi, avec plusieurs barrages enflammés sur les routes. Les images capturées par un journaliste de Guadeloupe La 1ère montrent plusieurs bâtiments commerciaux du centre-ville de Pointe-à-Pitre incendiés – quatre, selon les pompiers- ainsi qu’au Gosier.
Écoles fermées et gendarmeries ciblées
Les pompiers ont évoqué un “contexte de guérilla urbaine ayant fortement entravé l’acheminement des secours sur site”. Selon une source policière, ce sont notamment une ou plusieurs “bijouteries (qui) ont été pillées et brûlées”.
Selon une source policière, les forces de l’ordre ont essuyé “des tirs de mortier et projectiles” à Pointe-à-Pitre. Des “braquages sur des barrages” ont eu lieu ces dernières heures, indique également une source gendarmerie à l’AFP.
“La brigade du Lamentin (commune du nord de la Basse-Terre) a été assiégée” selon la même source, par “30 à 40 personnes encagoulées”. Au moins une voiture de la gendarmerie a été fortement endommagée. Une autre source au sein de la gendarmerie a évoqué des incidents semblables à Morne-à-l’Eau, une commune du Nord de Grande-Terre, avec notamment deux assauts contre la gendarmerie.
Les écoles sont restées fermées dans l’archipel vendredi et du fait de très nombreux barrages, l’activité tournait au ralenti. De source judiciaire, les tribunaux sont également fermés.
Dans ce contexte tendu, les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer ont condamné “avec la plus grande fermeté les violences”. 200 policiers et gendarmes supplémentaires seront déployés dans les prochains jours, précise un communiqué commun.
L’obligation vaccinale, “goutte d’eau” en trop
“La situation est compliquée au CHU de Guadeloupe. Les barrages, les suspensions, les arrêts maladie mais aussi le blocage et les manifestations devant l’hôpital perturbent le bon déroulement des soins (…) les chimiothérapies par exemple n’ont pas pu être administrés aujourd’hui. Les médecins ne peuvent rallier leur poste”, a expliqué à l’AFP Cédric Zolezzi, DG adjoint du CHU de Guadeloupe.
“Il y a du filtrage à l’entrée, notamment pour les internes dont certains sont empêchés de passer. L’un d’entre eux a même été agressé par une personne cagoulée”, a-t-il ajouté, affirmant qu’“Il n’y a pas de dialogue possible”.
Selon Maïté M’Toumo, secrétaire générale de l’UGTG, “désormais il y a un mélange de personnes sur les barricades, il y a beaucoup de jeunes, en colère par rapport à la situation de la Guadeloupe. L’obligation vaccinale c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.”
“Cette violence ne peut être ni tolérée ni acceptée et doit même être condamnée par tous”, a réagi jeudi soir dans un communiqué le préfet de Guadeloupe, Alexandre Rochatte, avertissant que “les auteurs des violences continueront à être interpellés et poursuivis.”
Interpellations
Plusieurs interpellations ont déjà eu lieu. Jeudi, un pompier, transportant des pneus vers un barrage enflammé, a été présenté à un juge avant d’être placé sous contrôle judiciaire, a indiqué à l’AFP le procureur de la République, Patrick Desjardin. Ce vendredi, un jeune sera déféré en comparution immédiate pour jets de projectiles et attroupement. RCI Guadeloupe fait état de son côté de deux autres interpellations pour un motif similaire.
Un policier a aussi été blessé jeudi, portant à trois le bilan chez les forces de l’ordre depuis le début du mouvement. Deux pompiers avaient aussi été blessés lundi.
En début de semaine, le président la Région Guadeloupe, Ary Chalus, avait dit son inquiétude face à la situation, indiquant avoir alerté “le président de la République” et les membres du gouvernement concernés.
À voir également sur Le HuffPost: Des soignants expliquent pourquoi ils partent en renfort aux Antilles
En savoir plus sur L'ABESTIT
Subscribe to get the latest posts sent to your email.