En voulant faire « le plus beau métier du monde » j’ai perdu mon âme en cours de route – BLOG
J’avais essayé d’expliquer à ma famille, à mes amis, j’avais même fait des schémas et tout, rien n’y faisait, mais bon. J’étais “déter”. Je rêvais d’avoir ma classe, mes élèves, de leur apporter pleins de choses et surtout, qu’ils m’apportent pleins de choses. C’est ça qui me faisait vibrer quand je travaillais avec des enfants: tout ce qu’ils m’apportaient.
2 ans sans travailler avec les enfants
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À ce jour je n’ai eu que 4 semaines de stage, dont 2 semaines où j’ai pu réellement pratiquer avec des élèves. Je n’ai pas réussi le concours en 2020, la “voie royale” comme on l’affectionne, mais à laquelle la plupart des étudiants n’ont pas accès: on est à Toulouse et la concurrence est plutôt rude. Mais bon, quand je vois ceux qui l’ont réussi, je me dis que ce n’est peut-être pas plus mal: des attentes irréalistes de la part des tuteurs et tutrices de stage souvent, en parallèle des cours du master 2 et du mémoire.
En attendant, ceux et celles qui n’ont pas eu le concours luttent (oui vraiment, c’est une lutte) pour ne pas perdre le Nord. Valider toutes les matières du master (aussi nombreuses soient-elles), réviser pour un des concours les plus difficiles d’accès de la France métropolitaine, et garder le cap pour la recherche. Parce que depuis la “masterisation” du métier, il faut faire un mémoire aussi… Il passe souvent au second plan, comme si c’était un truc en plus qui faisait chier, mais il faut bien le faire pour valider le master!
Le plus dur est de se rappeler pourquoi on fait ça, pourquoi on s’inflige ça. Les rares stages où nous sommes en contact avec des enfants nous le rappellent, mais il est compliqué de ne pas oublier le but de tout ça, surtout avec l’ambiance “covid” et les cours à distance.
Est-ce que ça vaut le coup?
Bref. Je suis arrivée en croyant de tout mon cœur à un travail avec des enfants. Des enfants qui peuvent me faire rire, me toucher, et tant me donner, et j’ai bien peur qu’avant même d’entrer dans le métier, j’aie perdu mon âme en route. J’ai du mal à croire à ce chemin, si alambiqué et complexe. Je regarde autour de moi et j’ai peur de ce qui m’attend. Des affectations non souhaitées, des postes fractionnés, un effritement du fonctionnariat, et un gouvernement qui peine à écouter…
Et je ne peux m’empêcher de me demander, est-ce que ça vaut le coup?
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