Euro 2020: après un an de gestes barrière, peut-on encore communier?
Ce vendredi, environ 18.000 spectateurs se retrouveront au stade olympique de Rome. Ils seront bien plus nombreux à travers toute l’Europe devant les écrans, à la maison entre amis ou dans des bars, cafés, terrasses, autant d’endroits propices à la célébration.
Avant les Jeux olympiques de juillet, cet Euro 2020-2021 marque le premier évènement festif d’ampleur. Et ce, malgré une pandémie sous contrôle mais pas encore terminée et dont les conséquences dramatiques sont encore à l’esprit de tous. Une période sombre inoubliable, au point peut-être de modifier notre envie et nos façons de faire la fête ensemble?
Une envie historique de se lâcher
“C’est tout à fait évident après la Première Guerre mondiale, avec de grands moments de festivité qu’on a appelé les Années folles. Cela marque une sorte d’appel à la légèreté, dans une dimension festive. À l’époque de la Grande Guerre, cela s’était manifesté dans la musique, la danse, la peinture… Il y avait à la fois une dimension populaire, à travers l’ouverture des salles de danse, de cafés, et à la fois une dimension culturelle, avec par exemple l’apparition du surréalisme”, souligne l’historien.
Le football également prend son envol, porté par une volonté de réconcilier les peuples. Par exemple avec la création en 1930 de la toute première Coupe du Monde. Ou la proposition, dès 1927 de créer une compétition de pays européens de football. L’initiative ne sera concrétisée qu’en 1960 sous le nom de “Coupe d’Europe des Nations.” En 2021, on dit simplement l’Euro.
À chacun sa fête (même ensemble)
Pendant les matchs de l’Euro, ces festivités pourront avoir lieu dans des lieux publics comme les stades, ou les terrasses et bars si un protocole national est trouvé. Elles pourront aussi se tenir dans un cadre privé, à la maison avec des amis invités autour d’une bière et d’une pizza.
Mais impossible de généraliser l’envie de fête et surtout ses manifestations. Car personne n’a vécu la pandémie de la même façon: il y a ceux qui ont été concernés de manière directe sur le plan sanitaire, ceux qui ont vécu le confinement dans un 12m2 ou dans une maison avec jardin, le facteur d’âge, le niveau social… Toutes ces variables jouent rôle dans la façon dont chacun appréhende le retour à la vie sociale, et en l’occurrence, participera aux célébrations de l’Euro.
Ainsi, et même si cela n’enlève rien à leur envie de célébrer, certains vont choisir de rester sagement chez eux, et se contenter d’un appel visio avec leurs amis pour commenter les actions décisives. D’autres accepteront peut-être de vous rejoindre autour d’un verre, mais en évitant les câlins collectifs et les claques dans le dos. “Il y a ceux qui ont très envie de faire la fête et d’être moins soucieux vis-à-vis des gestes barrière, d’autres qui seront un peu plus prudents… Ce type de choses peut créer des formes de petites ruptures dans les groupes d’amis”, souligne Emmanuelle Lallement.
“La fête traverse les milieux sociaux, mais c’est aussi un marqueur social, rappelle-t-elle. Quelque chose qui vient dire qu’on ne fait pas tous pareil, qu’on n’a pas tous envie au moment de la même façon”.
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