Face aux fortes chaleurs, des infrastructures plus fragiles
Le bon fonctionnement des réseaux de transport (personnes, marchandises, eau, électricité…) est vital pour l’économie. Et de leur résilience face changement climatique dépend la résilience de l’économie tout entière.
Dans un monde à 4 °C, c’est par exemple près de la moitié du réseau ferré et les trois quarts du réseau routier qui seraient exposés à un risque élevé du fait des fortes chaleurs et de ses conséquences, contre 2 % aujourd’hui, indique une note de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) : pannes du système électrique, déformation des rails ou inondations des voies, fissures sur les routes du fait du retrait-gonflement des sols argileux…
Dans le cas du réseau de transport de l’électricité, les près de 100 000 kilomètres de liaisons aériennes gérées par RTE sont un autre exemple de sujet préoccupant, rappelle un rapport de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) : plus il fait chaud, moins la marge d’élévation en température des câbles causée par les transits d’électricité est importante, ce qui peut conduire à devoir réduire le flux.
Les coûts de réparation – une forme d’adaptation réactive – sont conséquents et devraient s’alourdir à l’avenir. En 2020, la tempête Alex avait endommagé 70 km de routes et nécessité 500 millions d’euros de travaux. Plus 25 millions d’euros pour les dégâts sur le réseau ferré.
Pertes en cascade
A ces coûts s’ajoutent les pertes d’exploitation : 17 millions d’euros pour trois mois de fermeture de la ligne Montpellier-Béziers en 2019 suite à des inondations. Sans parler des pertes économiques pour les usagers.
Pour ne pas se résoudre à voir grimper ces factures, il faut anticiper, plaide I4CE. La première mesure d’adaptation est l’entretien des infrastructures – et la résorption des retards de maintenance. Ces travaux d’entretien et de jouvence devront systématiquement intégrer les risques futurs, ce qui suppose aussi leur meilleure connaissance et une évolution de la culture d’entreprise à tous les niveaux.
Intégrer l’adaptation dans les programmes de régénération représenterait des surcoûts modérés, indique le think tank du climat. Qui ajoute que ces travaux seront très probablement insuffisants face à l’ampleur de la menace et que des investissements supplémentaires seront nécessaires. Il faudra peut-être aussi, pour limiter les coûts, accepter et gérer certains risques, par exemple la submersion temporaire d’une desserte peu fréquentée. Des arbitrages compliqués.
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