Wes ANDERSON – film d’animation USA 2009 1h28mn Version Française – avec les voix de Mathieu Amalric, Isabelle Huppert…
Du 15/12/21 au 28/12/21
Je voudrais être une poulette. Même élevée en batterie dans un horrible hangar au milieu de milliers de consœurs tout aussi caquetantes que moi, même si je dois manger du maïs OGM qui me rendra obèse. Je veux être une poulette pour avoir une petite chance d’être kidnappée et dévorée toute crue par ce fantastique Mister Fox ! N’est ce pas finalement une destinée bien plus aventureuse que de finir sous les crocs d’un gentleman plutôt que cellophanée au rayon boucherie d’une grande surface ?
Voleur de poules, quoiqu’en disent les légendes, c’est une très belle vocation. Riche en péripéties et en rebondissements, elle exige une kyrielle de qualités dont Mr Fox est incontestablement doté : un goût prononcé pour la prise de risque, un sens aigu de la stratégie d’attaque et une désinvolture de bon aloi, histoire de rester zen en toutes circonstances. Mr Fox est le renard le plus rusé à plusieurs centaine de sauts de lapins à la ronde : il sait comme personne s’introduire en douce dans les endroits les plus sécurisés pour dérober l’objet de ses convoitises. Mais plaisirs de jeunesse ne durent qu’un temps et si Madame Fox est prête à suivre partout son renard de mari, pas question qu’il persiste sur cette dangereuse dès lors qu’il est en charge de famille. Et comme le genre féminin parvient toujours à ses fins (certes au bout de moult menaces, supplications, tentatives de séduction et autres lamentables et néanmoins efficaces chantages affectifs), notre renard décide de se ranger et se fait embaucher par la gazette locale en qualité d’éditorialiste… Mais le cœur n’y est vraiment pas.
Lors de l’achat d’un nouveau terrier doté de tout le confort moderne (et malgré les avertissements de son avocat Blaireau) qui sied au genre renard, et alors que Mr Fox a des relations de plus en plus conflictuelles avec son seul et unique rejeton, Ash, en pleine crise rebelle d’adolescence, l’instinct est plus fort que la raison et il décide, en douce, de reprendre du service. C’est que la famille Fox habite désormais juste en face d’un triptyque composé de trois énormes fermes alléchantes tenues par des humains aux mines patibulaires : le gros Boggies, Bunce le petit et Bean le maigre.
Mais lorsque débarque Kristofferson, le neveu éloigné ultra sportif, ultra intelligent, ultra charismatique et ultra adepte de yoga, les affaires se compliquent… et quand les humains déclarent la guerre au renard, c’est tout le règne animal qui va s’en mêler !
On peut voir Fantastic Mr Fox comme une comédie hilarante où chaque personnage est englué dans ses petites névroses : mégalomanie compulsive, ego surdimensionné, crise de la cinquantaine, complexe d’inférioté inhérent à la puberté, désir inavoué de tuer le père, sentiment maternel étouffant, tentative effrénée de donner du sens à son existence… une sorte de Woody Allen à la ferme.
On peut aussi y voir un trépidant film d’aventures, bourré de courses poursuites, d’explosions, de cavalcades, de romance, de rebondissements.
En tout cas c’est un film tout simplement formidable, qui se trouve être une réussite totale en matière d’animation en même temps qu’un régal de poésie et d’humour au premier, troisième ou quinzième degré.
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