Fêter la nouvelle année en se mettant des droites à 4 000 mètres d’altitude
Comme des étincelles, les coups embrasent un public qui brûle par les cris et les encouragements, le cadre rugueux d’une existence sur les hauts plateaux andins. Les spectateurs meuglent à “la patada” (coup de pied), grognent pour plus de “punete”’ (coup de poing), brament le knockout et rigolent quand il a lieu. Pour que la catharsis fonctionne, les rituels préparent la foule, l’alcool et la nourriture. Autour d’elle, la musique, les chants et les danses traditionnelles s’enchaînent. Le cercle des spectateurs se referme et la violence se retrouve prisonnière. Les coups partent, des phalanges s’écrasent sur les arcades, les tibias s’entrechoquent, des lèvres explosent, les nez se tordent et le sang coule. Crampons au pied, ils s’enfoncent dans la terre sèche et soulèvent à chaque mouvement une poussière virevoltante qui accompagne les enchaînements des combattants. À la manière des boucs, ils prennent ce petit recul sauté avant de s’élancer tête baissée contre le corps de l’adversaire. Au Takanakuy, interdiction de s’agripper pour réduire la violence des coups.
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