Si tous ont été chamboulés, avec des cascades de reports et annulations depuis février, les sports ne sont pas logés à la même enseigne et certains ont su s’organiser. Le contraste est ainsi frappant avec le football, où la Ligue des champions a été remaniée pour arriver à son terme avec un “Final 8” menant au sacre du Bayern Munich le 23 août. Alors, comment expliquer que l’Ovalie soit aussi pénalisée par le contexte sanitaire?
Un sport “plus à risque que d’autres”
De par sa nature et ses règles, le rugby est un sport particulièrement exposé sur le plan sanitaire. Avant le Covid, des cas d’épidémie d’oreillons et de staphylocoques touchant des clubs professionnels et amateurs le rappellent d’ailleurs régulièrement.
Début octobre, Santé publique France l’a souligné dans un “focus sur les clusters en milieu sportif”: sa “pratique implique du contact avec un risque de transmission avéré”. Mêlées, touches, plaquages… impossible pour les joueurs d’éviter des contacts rapprochés et répétés avec leurs coéquipiers et adversaires. Raison pour laquelle, dès le début de la pandémie, le monde du rugby s’est demandé comment il allait s’en sortir.
“On a assisté à des réunions où l’on nous expliquait qu’il ne fallait pas s’entraîner à faire des mêlées ou des rucks, et à ne pas avoir de contacts, résumait Ugo Mola, entraîneur du Stade toulousain cité par 20minutes. Mais l’essence de notre sport, c’est de se frotter un peu. Il est donc peut-être plus à risque que d’autres.”
Pour faire face à cette réalité, les autorités et les instances internationales ont dû s’adapter. En France, un protocole de reprise très progressif a été pris. Depuis le coup d’envoi de la saison pro 2020-21 (la précédente ayant été annulée), les conditions restent drastiques puisque si 3 joueurs sont testés positifs sur 7 jours glissants, le match est automatiquement reporté. En comparaison, les matchs de football pro sont “maintenus tant que 20 joueurs (dont un gardien) sur un effectif de 30 seront testés négatifs”, a décidé la Ligue de football professionnel.
A cela s’ajoute une autre contrainte propre au rugby: en France, les clubs sont obligés d’aligner au moins six avants (les joueurs de première ligne) sur leur feuille de match de 23 joueurs. C’est ce qui a entraîné le report du match d’ouverture de ce Top 14 édition Covid-19, Stade Français-UBB, le club parisien ayant trop d’avants indisponibles à cause du virus.
Casse-tête de calendriers et peur pour l’avenir
Résultat, cinq matchs de Top 14 ont déjà été reportés sine die depuis la reprise début septembre (contre un seul match reprogrammé et déjà joué en Ligue 1) et plusieurs rencontres ont dû être décalées. Cela promet un immense casse-tête de calendrier auquel il faut donc intégrer les rencontres européennes de la saison dernière, mais aussi celles de la saison actuelle et les matchs internationaux, dont la fin du dernier Tournoi des Six nations qui reste à jouer.
Pour le moment, les instances françaises se refusent à envisager des forfaits (l’équipe ayant trop de joueurs testés positifs perdrait le match sur tapis vert). Mais c’est ce qui a été décidé en Angleterre, où le championnat 2019-20 ira à son terme avec une finale le 24 octobre, ainsi qu’au niveau européen. Le Racing 92 l’a d’ailleurs échappé belle.
Fin septembre, le club a recensé jusqu’à neuf cas d’infection, staff inclus. Mais la mise en place d’une “bulle”, avec la fermeture temporaire de son centre d’entraînement et un isolement à l’hôtel pour les non-contaminés, lui a permis d’endiguer la propagation du virus dans l’effectif et d’éviter de perdre sa finale de samedi avant même de la disputer.
Le Castres Olympique a en revanche connu cette mésaventure en Challenge européen (la “petite” Coupe d’Europe). Censé se rendre à Leicester disputer son quart de finale, le club a été éliminé par forfait en raison de quatre cas dans son effectif. “Aucune règle précise, y compris sur un nombre de cas maximum, n’apparait dans les règlements”, a dénoncé Castres, pointant un protocole flou et empreint d’“amateurisme”.
Si ces problèmes de calendrier posent des difficultés sportives, c’est surtout sur le plan financier que le rugby s’inquiète. Comme le rappelle France 3, jusqu’à 65% des revenus des clubs de Top 14 viennent des matchs -particulièrement des partenariats et de la billetterie-, alors qu’au football, les clubs pros tirent une part importante de leurs revenus des droits télé et de la vente de joueurs.
Autant dire que les jauges à 5000 voire 1000 personnes maximum dans les stades ont déjà coûté très cher aux clubs, et que les huis clos imposés dans les villes en couvre-feu ne vont pas arranger les choses. La situation sanitaire n’étant pas meilleure outre-Manche, c’est d’ailleurs dans un stade vide, à Bristol, que le Racing 92 défie Exeter ce samedi.
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