Le gouvernement français semble susceptible de tomber cette semaine après que des partis de gauche et d’extrême droite ont déposé des motions de censure en réponse à la décision du Premier ministre de faire adopter un budget d’austérité sans vote.
Si elles sont adoptées par les députés, les motions, qui seront soumises à vote à l’Assemblée nationale mercredi, feraient tomber le gouvernement et forcerait la démission de Michel Barnier après seulement deux mois et demi.
Le Nouveau Front Populaire (NFP), une coalition de gauche qui inclut les Socialistes, les Verts, la gauche radicale France Insoumise et le Parti communiste, avait déjà averti qu’elle soumettrai une motion de censure contre le gouvernement si celui-ci utilisait la clause constitutionnelle controversée “49.3” pour faire passer la législation sur la sécurité sociale.
Lundi, Marine Le Pen du Rassemblement National (RN) d’extrême droite a intensifié la pression sur le gouvernement en annonçant que son parti déposait également une motion de censure.
“Les Français en ont assez,” a-t-elle déclaré aux journalistes au parlement. “Peut-être que [les électeurs] pensaient qu’avec Michel Barnier les choses s’améliorait, mais cela a empiré.”
Ensemble, le NFP et le RN ont suffisamment de députés pour renverser le gouvernement – c’est la première fois qu’un gouvernement français est évincé de cette manière depuis 1962. Cela laisserait les deux puissances traditionnelles de l’UE, la France et l’Allemagne, dans un flou politique juste quelques semaines avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Dans une tentative d’éviter une crise, Barnier a fait des concessions de dernière minute au RN. Après avoir parlé à Le Pen, Barnier a déclaré lundi qu’il n’y aurait pas de changement dans les remboursements de médicaments en 2025, contrairement aux plans originaux.
S’adressant à la chambre basse, Barnier a déclaré avoir consulté tous les groupes parlementaires mais que de nombreuses contraintes pesant sur le pays nécessitaient une réduction du déficit public.
“Je respecte la culture du compromis. Il y a eu de nombreuses heures de travail pour enrichir ce texte … il a connu de multiples évolutions,” a-t-il dit.
Il a dit aux députés qu’ils faisaient face “à un moment de vérité”. “Cela signifie que chacun doit assumer ses responsabilités. Les Français ne vous pardonneront pas si vous soutenez des intérêts (politiques) particuliers au détriment de l’avenir de la nation,” a-t-il déclaré.
“Chacun doit prendre la responsabilité de ses actions et je prends la mienne.”
Le Pen, cheffe du groupe parlementaire RN, a accusé Barnier, nommé Premier ministre par le Président Emmanuel Macron en septembre, de ne pas avoir tenu sa promesse d’écouter les groupes politiques opposés au projet de budget.
“Elle s’est tournée vers le RN il y a une semaine et nous avons répété nos lignes rouges. Nous n’avons pas sorti ces lignes rouges d’un chapeau pour notre plaisir,” a-t-elle déclaré. “Il est injuste que le peuple français paie les conséquences de l’incompétence d’Emmanuel Macron au cours des sept dernières années. Punir les Français pour ce dont ils ne sont pas responsables, mais dont leurs dirigeants le sont, n’est pas possible.”
Le Pen a ajouté : “Il existe d’autres moyens de traiter le déficit déjà élevé. Nous avons fait des propositions. Le gouvernement ne voulait pas céder. Michel Barnier a dit qu’il faisait face à sa responsabilité. Nous faisons face à la nôtre.”
Mathilde Panot, députée de La France Insoumise (LFI), a déclaré au sujet de la motion de censure : “Nous pouvons renverser M. Barnier et ce budget.”
Elle a qualifié les discussions de dernière minute du gouvernement avec l’extrême droite de “marchandage” et a déclaré “c’est tout un stratagème”. Elle a blâmé Macron pour avoir plongé le pays dans le chaos.
Si la motion de censure est adoptée mercredi, Barnier sera contraint d’offrir sa démission, mais lui et ses ministres pourraient rester dans une administration intérimaire jusqu’à ce que Macron annonce un nouveau gouvernement.
Macron pourrait demander aux partis de rechercher une nouvelle majorité de coalition ou nommer un gouvernement strictement technocratique, faisant entrer des personnes extérieures aux cercles politiques pour administrer le pays jusqu’à ce que de nouvelles élections législatives puissent avoir lieu l’été prochain. Aucune élection générale ne peut avoir lieu dans les 12 mois suivant le dernier vote.
La semaine dernière, Barnier, l’ancien négociateur du Brexit de l’UE, a déclaré qu’un vote de censure déclencherait “une grande tempête et des turbulences très sérieuses sur les marchés financiers.”
La France s’achemine vers cette crise politique depuis que Macron a convoqué des élections anticipées en juin, laissant le parlement divisé en trois factions politiques à peu près égales – gauche, centre et extrême droite – mais aucune d’entre elles n’a de majorité absolue.
L’impasse a été provoquée par le gouvernement cherchant à lutter contre le déficit public croissant de la France par le biais d’une augmentation d’impôts et de coupes de dépenses de 60 milliards d’euros (50 milliards de livres) dans son budget 2025.
Si la motion de censure est réussie, ce serait la deuxième fois seulement qu’un gouvernement français est renversé depuis 1958, lorsque la cinquième république a été formée. Le gouvernement de Georges Pompidou a été le dernier à être torpillé de cette manière en 1962, lorsque Charles de Gaulle était président.
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