En 2025, le paysage de l’intelligence artificielle (IA) et de la géopolitique subira un tournant significatif, alors que les dirigeants mondiaux prendront conscience que leurs intérêts nationaux sont mieux servis par la promesse d’un avenir coopératif et positif.
Les années suivant l’émergence de ChatGPT ont été marquées par une véritable effervescence autour de l’IA, oscillant entre une ruée vers l’or et une panique morale. En 2023, alors que les investissements dans l’IA atteignaient des sommets historiques, des experts technologiques comme Elon Musk et Steve Wozniak ont publié une lettre ouverte demandant un moratoire de six mois sur la formation de systèmes d’IA plus puissants que GPT-4. D’autres ont même comparé l’IA à une « guerre nucléaire » ou à une « pandémie ».
Cette situation a inévitablement influencé le jugement des dirigeants politiques, entraînant des discussions géopolitiques sur l’IA dans des directions préoccupantes. Au sein de l’AI & Geopolitics Project, mon organisation de recherche à l’Université de Cambridge, nos analyses montrent clairement une tendance croissante vers le nationalisme en matière d’IA.
Par exemple, en 2017, le président chinois Xi Jinping a annoncé des plans pour que la Chine devienne une superpuissance de l’IA d’ici 2030. Le « Nouveau Plan de Développement de l’IA » de la Chine visait à atteindre un « niveau mondial de premier plan » en innovation IA d’ici 2025, devenant ainsi un centre majeur d’innovation dans ce domaine d’ici 2030.
En réponse, le CHIPs and Science Act de 2022, qui interdit l’exportation de semi-conducteurs, visait à renforcer les capacités nationales américaines en matière d’IA tout en limitant celles de la Chine. En 2024, suite à un décret du président Biden, le Département du Trésor des États-Unis a également publié des projets de règles visant à interdire ou restreindre les investissements en IA en Chine.
Le nationalisme en matière d’IA présente cette technologie comme une bataille à gagner, plutôt qu’une opportunité à exploiter. Cependant, ceux qui soutiennent cette approche devraient tirer des leçons plus profondes de la Guerre froide, au-delà de la simple notion d’une course aux armements. À cette époque, les États-Unis, tout en cherchant à devenir la nation technologique la plus avancée, ont su utiliser la politique, la diplomatie et l’art de l’État pour créer une vision positive et inspirante de l’exploration spatiale. Les gouvernements américains successifs ont également réussi à obtenir un soutien à l’ONU pour un traité protégeant l’espace de toute nucléarisation et stipulant qu’aucune nation ne pouvait coloniser la Lune, veillant ainsi à ce que l’espace soit « le domaine de toute l’humanité ».
Cependant, un tel leadership politique a fait défaut dans le domaine de l’IA. En 2025, nous commencerons toutefois à observer un retour vers la coopération et la diplomatie.
Le Sommet sur l’IA en France en 2025 marquera ce changement. Le président Macron réoriente déjà cet événement, s’éloignant d’une approche strictement axée sur la « sécurité » des risques liés à l’IA, pour se concentrer sur des « solutions et des normes » plus pragmatiques. Dans une allocution virtuelle au Sommet de Séoul, le président français a clairement indiqué son intention d’aborder un éventail beaucoup plus large de questions politiques, notamment comment garantir que la société bénéficie réellement de l’IA.
Reconnaissant l’exclusion de certains pays des débats sur l’IA, l’ONU a également publié en 2024 ses propres plans visant une approche globale plus collaborative.
Même les États-Unis et la Chine ont commencé à engager une diplomatie timide, établissant en 2024 un canal de consultation bilatéral sur l’IA. Bien que l’impact de ces initiatives reste incertain, elles témoignent clairement que, en 2025, les superpuissances de l’IA dans le monde privilégieront probablement la diplomatie au nationalisme.
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