Redonner une seconde vie
À la Réserve des arts, les matériaux des podiums sont revalorisés pour leur donner une seconde vie. Si cette association ne récupérait pas ces déchets, ils partiraient à la poubelle. “Il y a 4 Fashion Weeks par an, et la Fashion Week, pour nous, c’est à peu près 25 défilés sur lesquels on va venir récupérer les scénographies. C’est à peu près la moitié du tonnage de ce que récupère La Réserve des arts annuellement”, explique Charlène Dronne, directrice associée de la Réserve des arts. La mission première de la Réserve est d’accompagner les professionnels de la culture, de la création et de l’artisanat à l’appropriation du réemploi des matériaux et de l’économie circulaire. Dans un entrepôt de 300 m2 à Pantin et une boutique dans le 14ème arrondissement de Paris, l’association vend à prix cassé les matériaux revalorisés qui seront destinés aux entreprises culturelles ou à des artistes pour leur propre création. Par ce projet, la Réserve offre la possibilité de réduire l’empreinte carbone de la culture, que l’on sait polluante, et à réinventer des processus de création. Car au-delà de collecter des matériaux, l’association sensibilise à travers des ateliers d’animation et des conseils. Des formations courtes et longues sont proposées toute l’année autour de l’éco-fabrication et l’éco-conception directement dans les locaux, à Pantin.
Ils recyclent les vieux décors de cinéma
Moquette, tasseau de bois, plastique, fer, les matériaux qui devaient initialement être jetés sont nettoyés et revalorisés. “Normalement, une collecte comme ça, ça prend 2 ou 3 heures à valoriser. Une fois que les matériaux sont réceptionnés par l’équipe et triés, on fait le travail de valorisation. On redécoupe, enlève des agrafes, la colle, les vis, on sécurise le matériau pour être sûrs que l’artiste qui va en faire acquisition puisse le récupérer et le réutiliser de la meilleure manière qui soit. Ça peut être du bois, du métal, de la mercerie, du textile, du mobilier en tous genres, jusqu’à une enveloppe ou une feuille de papier”, explique Charlène Dronne. Une fois prêt pour la vente, le matériau est répertorié, mis en vente sur le site Internet et entreposé dans le local comme pourrait l’être dans un magasin classique de bricolage.
Ecosystem collecte et recycle les appareils électroménagers
40 % des adhérents sont des étudiants
Qu’ils soient en école d’art, de mode ou d’architecture, les étudiants sont nombreux à venir se fournir à la Réserve des arts pour trouver des matériaux de qualité. Car pour bénéficier des services de la Réserve, il faut être adhérent. “Je suis actuellement étudiante pour devenir enseignante des arts appliqués et du design. Et je viens aujourd’hui chercher des matériaux pour coudre. Actuellement, je cherche du cuir pour m’essayer à la maroquinerie”, explique une étudiante sur les lieux.
Elle recycle des conteneurs en abris sécurisés pour vélo
Une autre étudiante en école de design graphique se rend, elle, à la Réserve pour trouver des matériaux à moindre coût. “Là, on est sur la phase de projet de diplôme. Du coup, on a besoin de pas mal de matériel et on est un peu à budget limité. C’est un peu le repaire pour trouver plein de trucs. Ce sont des matières soit chères, soit pas tout le temps disponibles, donc ça permet d’avoir accès à tout un tas de choses de manière privilégiée”. D’autres profils comme des artistes, des intermittents du spectacle ou encore des auto entrepreneurs se rendent également sur les lieux pour leur propre projet. Aujourd’hui, ils sont plus de 13 100 adhérents à avoir bénéficié de plus de 500 tonnes de matériaux en 2022.
Un salon qui recycle les cheveux !
La Réserve des arts en danger
Cette même année, l’association a pu récupérer 722 tonnes de matériaux, avec un taux de revalorisation de plus de 80%. “Ça veut dire que 80 % des matières qu’on récupère vont avoir une deuxième vie. On se base sur une règle de 3 à 10 fois moins cher que le prix du neuf”, estime Charlène Dronne. Mais aujourd’hui, la Réserve est en danger. “L’association fait face à un seul défi, c’est qu’elle doit trouver un lieu de repli et de relocalisation de son activité. Nous sommes à quelques semaines du 30 juin 2023, date qui sonne pour nous l’échéance du bail de location qui nous permet d’être implantés ici. Nous n’avons pas encore trouvé de lieu de relocalisation et c’est notre plus grand défi, puisque sans foncier, sans entrepôt, l’activité ne peut pas continuer à vivre, et donc pourrait s’arrêter”.
Depuis septembre 2020, la Réserve des arts s’est également implantée à Marseille afin d’étendre son service dans le reste de la France. Dans sa grande halle de 840 m2, l’association ambitionne de créer, tout comme dans ses locaux à Paris, une économie circulaire culturelle.
Il recycle des planches de skate pour en faire des lunettes
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