Même si l’hypothèse était dans l’ordre des possibles, et que les bruits à ce sujet couraient depuis plusieurs semaines, l’annonce a eu l’effet d’une bombe. Karim Khan, le procureur auprès de la Cour pénale internationale, a demandé aux juges de la Chambre préliminaire d’émettre des mandats d’arrêt contre des personnalités israéliennes et palestiniennes dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Et ce vendredi 24 mai 2024, après le tournage de cette émission, la Cour internationale de justice a ordonné à Israël d’arrêter “immédiatement” son offensive à Rafah.
D’une certaine manière, la messe est dite. L’État d’Israël, dont les premiers responsables crient à l’antisémitisme et annoncent à l’avance qu’ils ne se plieront pas aux décisions de justice, s’enferre dans une sorte d’isolement. Ses adversaires peuvent désormais le présenter, et de manière crédible, comme rebelle aux décisions des Nations unies, sourd aux demandes pressantes de la Cour internationale de justice et méprisant vis-à-vis de la Cour pénale internationale. Bref, comme un État-voyou.
Et les États-Unis ? La première puissance pourra-t-elle continuer d’apporter son soutien inconditionnel à Israël sans être isolée et tout simplement discréditée ? Que devons-nous retenir du concert de protestations, sinon strictement du moins essentiellement occidental, suite à l’annonce de Karim Khan ? La CPI pourra-t-elle survivre à une forme d’impasse liées aux pesanteurs et interférences politiques en particulier dans ce dossier ? Et au fond, la Cour pénale internationale, et de manière générale toute l’organisation de ce qu’on peut appeler la “gouvernance globale”, peuvent-elles être autre chose qu’un joker des puissants selon le titre d’un livre de la journaliste Stéphanie Maupas ?
On en parle dans cette nouvelle édition du “Monde n’a pas de centre”, la chronique internationale de Bertrand Badie, politiste, professeur émérite à Sciences-Po. Sur Le Média.
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