Une prise de position qui a fait écho à un précédent, juste avant les JO. Quelques jours plus tôt, l’équipe de beach-handball norvégienne écopait en effet d’une amende de 1500 euros pour avoir revêtu un short plutôt qu’un bikini “ajusté et échancré” (comme inscrit dans le règlement) au cours d’un match. Dans la foulée, de nombreuses équipes et personnalités, à commencer par l’entraîneuse de France de beach-handball, ont souligné et ouvertement critiqué la rigidité des règles de la Fédération en matière des tenues des sportives.
Un mouvement plus large
Et de préciser: “Les questions de liberté du corps et de l’apparence sont très présentes sous différentes formes: reconnaissance des difficultés liées aux règles, contestation du port du soutien-gorge, remise en cause de l’épilation, revendication de la liberté d’allaiter dans les lieux publics, de la fluidité du genre…”
L’historienne va plus loin en prenant l’exemple du fameux crop top à l’école, objet de nombreuses polémiques en politique. “De plus en plus, des revendications se font jour pour affirmer que ce n’est pas aux filles de rater les cours pour rentrer se changer (leur éducation apparaîtrait alors moins importante que celle des garçons qu’elles “perturberaient”) mais que le problème viendrait de la manière dont les garçons sont éduqués.”
Des tenues hyper féminisées dès les années 20
“La question se pose dès les premières championnes, dans les années 1920. Elles sont alors fréquemment accusées d’être laides pendant l’effort, peu féminines, ce qui est considéré comme contraire à leur rôle de femme” c’est-à-dire “plaire aux hommes, selon leurs détracteurs”, analyse Florys Castan-Vicente.
Ainsi, à l’époque, la femme, assignée à la séduction, ne devait pas avoir une musculature trop développée ni pratiquer des sports dits “trop violents”, au risque de perdre sa fonction maternelle et de fragiliser ses capacités respiratoires. Au tennis par exemple, elles devaient porter les mêmes vêtements que ceux utilisés pour prendre le thé dans les salons victoriens.
“Dans les sports d’origine aristocratique, comme le tennis, les injonctions vestimentaires sont encore plus fortes que dans d’autres disciplines”, observe la sociologue Béatrice Barbusse, auteure du livre Du sexisme dans le sport auprès de FranceInfo.
L’apparence plutôt que la performance
Autre problème de taille et persistant: celui du faible taux de femmes dans les instances décisionnaires. Sans parler du fait que les questions financières pèsent plus lourd que les questions éthiques. “Certains éléments bougent très peu: le nombre de femmes en position de décision dans les instances, ainsi que dans les domaines économique et marketing. Donc, la question des tenues peut se poser en réunion, mais celle qui se pose ensuite, elle est financière, c’est celle des sponsors. Donc la décision sur les tenues des athlètes ne pèsera pas lourd”, expliquait récemment l’enseignante-chercheuse Sandy Montañola au journal Ouest-France.
Ce qui a récemment changé, ce sont néanmoins les prises de paroles des premières concernées par ces discriminations qui se sont multipliées. “C’est une revendication fréquente de la part des sportives d’être considérées comme des athlètes réalisant des performances et non pour leur apparence physique”, explique Florys Castan-Vicente, qui a consacré une thèse aux liens entre les débuts des activités physiques des femmes et la première vague féministe en France.
D’autres tabous, liés aux corps de femmes, ont également été mis en lumière par les sportives elles-mêmes. Elles abordent certaines incommodités ou difficultés qui peuvent accompagner leur quotidien de sportives. “En 2016, la nageuse Fu Yuanhui brise le tabou des règles dans le sport. En 2018, Serena Williams crée l’événement avec sa tenue moulante conçue pour l’aider à surmonter des problèmes physiologiques liés aux suites de son accouchement. Cette année, Ona Carbonell demande à pouvoir allaiter ”, expose Florys Castan-Vicente. Autant de prises de paroles et d’actes dont il faut espérer qu’ils mettent le sexisme dont souffrent les sportives au bas du podium.
En savoir plus sur L'ABESTIT
Subscribe to get the latest posts sent to your email.