La campagne, mon remède contre l’éco-anxiété – BLOG
Écologie: anticiper les modes de vie alternatifs
Un peu plus tard, pendant que je marche sous la pluie, des gouttes dégoulinant sur mon ciré, je lève les yeux et observe le grand panorama vert que le bocage normand offre à chacun de ses habitants. La campagne, pour un Parisien, c’est plein de clichés: il n’y a que des filles ou des fils d’agriculteurs, pas de transports, et c’est très bien pour un week-end ou une petite semaine seulement. Pour moi, y avoir grandi me permet de faire face aux constats écologistes alarmants, aux discussions déprimantes avec des amis militants, et m’a donné toutes les clés pour anticiper les modes de vie alternatifs, qui deviendront essentiels dans les années à venir.
Avant de partir pour les études et la faculté, c’est en Normandie que j’ai eu la chance de grandir. Mes journées étaient rythmées par la gestion des chevaux de la maison, par les horaires aléatoires des bus, et par les animaux en tout genre. Ainsi, s’il paraît aujourd’hui difficile de se protéger psychologiquement de ces différents constats écologistes, j’ai réussi à retirer du positif dans tous les bilans apportés par mon entourage. Tout d’abord, des solutions existent: les écovillages fleurissent un peu partout en France, proposant une autosuffisance, un modèle économique alternatif et une vie communautaire très active.
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«Mon enfance est un véritable remède face au constat alarmant de mes amis. Je me sens déjà prête, habituée au quotidien de la vie en autonomie, presque en autosuffisance»
– Clémence P.
Cette vie se rapproche de ce que j’ai appris naturellement en grandissant en pleine campagne: manger les aliments cultivés soi-même, savoir vivre en hameau ou tisser des liens avec les habitants proches. Alors qu’en ville, il est compliqué de dire simplement bonjour à ses voisins, la vie en campagne est faite d’entraide, de partage, de mutualisation de boîtes d’œufs et de bouteilles de lait, de nuits passées à plusieurs près du vétérinaire venu assister un vêlage. C’est pouvoir se réveiller le matin dans un silence total, loin des klaxons de la ville.
Petite, le matin, je marchais dans les cailloux et la rosée pour aller prendre mon bus. Le soir, on rentrait entre enfants des trois ou quatre familles du hameau pour aller partager un goûter collectif, puis retourner chez soi aux alentours de 19 heures. Nous n’étions jamais seuls, nous partagions des travaux – comme la décoration de notre abribus en Marsupilami – et cette proximité acquise durant toute notre enfance nous a toutes et tous marqués.
Mes amis prévoient leur futur face à l’effondrement
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Mes amis prévoient déjà leur futur face à l’effondrement : Théo pense aller vivre en écovillage ou en ZAD d’ici vingt à trente ans, après des études et un métier lui permettant d’économiser assez pour y vivre plusieurs années. François se renseigne sur les formations d’horticulture et de gestion de jardin, lui qui a toujours grandi en milieu urbain. Et moi? Le journalisme est un métier facilement compatible avec la vie en communauté et une aide manuelle : savoir se renseigner sur la source de ses informations, pouvoir préparer des supports pédagogiques pour les habitants à venir, apporter à chacun l’actualité dans un monde où l’information continue ne sera peut-être plus possible. En attendant tout ça, vivre à Paris est une expérience hors du commun, et mes acquis ruraux ne sont jamais loin pour rester détachée de toute l’agitation urbaine.
Consciente de tous les enjeux environnementaux qui se jouent actuellement, maîtrisant les graphiques et les rapports sortant quotidiennement, mon enfance à la campagne est un véritable rempart contre la déprime écologique, un antidote apportant une réelle positivité. Contrairement à des amis urbains réellement paniqués de ne pas être utiles le jour J, je garde dans un coin de ma tête toutes mes connaissances. Cela me permet de rester constamment fixée sur mes objectifs de vie… et d’être consciente des changements climatiques des années à venir.
Sensible à l’écologie, Nicolas a lui aussi décidé de changer ses habitudes de consommation. Il raconte comment il est passé de végétarien à “détritivore”.

Savoir déconnecter de ce genre d’informations, revenir à la terre et à la nature comme on peut le faire hors des villes, permet de rester presque imperméable aux effets que peuvent avoir ces articles sur notre joie de vivre. Les modes de vie alternatifs s’imposeront à nous quand il le faudra. Pour le moment, il faut aussi savoir se protéger des constats alarmants, même si cela n’empêche personne de s’interroger sur sa capacité à savoir cultiver des pommes de terre le moment venu.
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Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.

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