La Corée du Nord a lancé son missile le plus puissant depuis 2017
INTERNATIONAL – La nation de Kim Jong Un n’avait jamais testé autant de missile qu’en janvier 2022. La Corée du Nord a confirmé ce lundi 31 janvier avoir lancé la veille son plus puissant missile depuis 2017, selon les médias d’État, couronnant un mois de tests en série, ce qui fait craindre une reprise des essais nucléaires et de missiles intercontinentaux.
La dernière série importante de tirs remonte à 2019, après l’échec des négociations entre son leader Kim Jong Un et le président américain de l’époque Donald Trump. Ce mois-ci, sept essais ont été effectués par la Corée du Nord.
“Un tir d’évaluation du missile balistique sol-sol à portée intermédiaire et longue Hwasong-12 a été effectué dimanche”, qui “a confirmé la précision, la sûreté et l’efficacité” de l’engin, en cours de production, a annoncé ce lundi l’agence d’État nord-coréenne KCNA.
L’état-major interarmes sud-coréen avait indiqué ce dimanche 30 janvier avoir détecté à l’aube “un missile balistique à portée intermédiaire tiré à un angle élevé”. Un tir à angle élevé signifie que le missile n’atteint pas sa portée maximale.
KCNA affirme ce lundi que le test a été effectué en utilisant le “système de lancement à l’angle le plus élevé” par souci de sécurité pour les pays voisins, et que la tête du missile contenait un appareil photo. L’agence officielle a publié des images qui auraient été prises depuis l’espace par cet appareil photo.
Pour la Corée du Sud, le Nord suit “une voie similaire” à celle de 2017, quand les tensions étaient à leur comble dans la péninsule coréenne. Pyongyang “est proche de rompre le moratoire” auto-imposé sur les essais nucléaires et de missiles balistiques intercontinentaux, a jugé dimanche le président sud-coréen Moon Jae-in.
De l’autre côté du Pacifique, un haut responsable de l’administration américaine a partagé cette inquiétude. “Il ne s’agit pas seulement de ce qu’ils ont fait hier, mais du fait que cela fait suite à un nombre assez important de tests ce mois-ci”, a-t-il estimé. “Nous ne voulons évidemment pas voir de nouveaux essais et nous avons demandé à la RPDC de s’abstenir de nouveaux essais”, a-t-il ajouté en utilisant le sigle du nom officiel de la Corée du Nord, la République populaire démocratique de Corée.
Le missile a été tiré depuis la province septentrionale de Jagang, d’où la Corée du Nord a lancé ces derniers mois ce qu’elle a présenté comme des missiles hypersoniques.
Il a atteint une altitude maximale de 2.000 kms et a parcouru environ 800 kms en 30 minutes avant de tomber en mer du Japon, a précisé l’état-major sud-coréen. Pyongyang avait déjà testé un missile Hwasong-12 en 2017, qui avait parcouru 787 kms et atteint une altitude maximale de 2.111 kms. À l’époque, les analystes avaient calculé que ce projectile avait la capacité de parcourir 4.500 kms, et donc d’atteindre l’île de Guam, un territoire américain dans l’océan Pacifique.
Depuis Biden, plus de dialogue avec Washington
En 2017, le lancement d’un Hwasong-12 avait été rapidement suivi du tir d’un Hwasong-15, qui peut atteindre l’Amérique du Nord, souligne Hong Min de l’Institut coréen pour l’unification nationale.
Le dernier test “signale la possibilité d’un lancement de missiles balistiques intercontinentaux et la rupture imminente du moratoire en utilisant la carte du lancement d’un Hwasong-12”, explique-t-il dans une note.
Depuis l’investiture du président Joe Biden en janvier 2021, Pyongyang a rejeté les différentes propositions de dialogue faites par Washington. Et Kim Jong Un a réaffirmé en décembre que sa priorité était de moderniser l’arsenal du pays.
Le régime nord-coréen a menacé le 20 janvier de reprendre ses essais nucléaires ou de missiles, s’y disant contraint par la politique “hostile” des Etats-Unis à son égard. Pyongyang étant en proie à des difficultés économiques avec, selon des rapports, une flambée des prix des denrées alimentaires, les dirigeants pourraient être en quête de bénéfices rapides, estime Lim Eul-chul, professeur d’études nord-coréennes à l’université Kyungnam de Séoul.
Selon cet expert, la Corée du Nord essaie de renforcer son armement avancé au point que les États-Unis seraient contraints de “se rendre” à ses exigences. Kim Jong Un est “accro aux armes de pointe”, assure-t-il.
Selon Joseph Dempsey, de l’Institut international d’études stratégiques, “rien dans la déclaration (de KCNA) ou dans les images limitées n’indique des changements ou des améliorations techniques significatifs” de l’armement de la Corée du Nord.
Ces essais nord-coréens interviennent dans une période délicate pour la région: la Chine, seul allié majeur du régime nord-coréen, accueille les Jeux olympiques d’hiver en février et la Corée du Sud tient une élection présidentielle en mars.
Pyongyang se prépare à célébrer le 80e anniversaire de la naissance du père de Kim, le défunt Kim Jong Il, en février, puis le 110e anniversaire de son grand-père, Kim Il Sung, le dirigeant fondateur du pays, en avril.
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