Que vaut une société où les décisions économiques engageant des vies humaines sont encore entre les mains d’une caste d’hommes jouant les équilibristes à seule fin de rétablir les comptes publics en oubliant la souffrance de certaines exclusions?
N’y a-t-il pas un autre chemin que celui déjà emprunté cent fois qui, pour conjurer l’effet d’une crise terrassant notre économie, privilégie les uns et sacrifie les autres?
En France, en 2020, 828.000 femmes de plus de 50 ans n’ont pas d’emploi et peu de perspectives d’en retrouver dans ce contexte de crise.
En France, en 2020, l’espérance de vie d’une femme de plus de 50 ans est de 86 ans.
Faisons ce simple calcul, cela veut dire que, si rien n’est fait, 828.000 femmes de plus de 50 ans vont passer les 30 ou 40 prochaines années de leur vie –soit jusqu’à parfois la moitié de leur vie- à vivoter dans une précarité discrète (54% des femmes sont concernées par le minimum contributif de 702,50 euros), en attendant que l’aventure se termine.
Quelle vie!
Oui, la France a un problème avec l’âge des femmes
Par comparaison, les pays nordiques ont intégré depuis belle lurette, les femmes de plus de 50 ans dans leur activité économique au prix de mesures de correction radicales des inégalités de genre.
À l’Est, les femmes mûres sont, culturellement, des piliers solides de la société et elles y jouent un rôle prépondérant.
En France, elles sont invisibles, au mieux on les considère comme des mamans qui doivent s’effacer derrière les plus jeunes et se tenir discrètement dans l’ombre des entreprises assez généreuses pour les garder.
Dans les magazines, où une évolution sensible est à noter depuis peu, le reflet convenu de la femme est celui d’une femme “jeune et fraîche”. Comme dans la tête des hommes qui nous recrutent, nous emploient ou nous licencient.
Alors qu’une femme de plus de 50 ans est une image floue, une réalité indiscernable, un avenir improbable.
Trop de prétextes et trop de risques
Les prétextes sont nombreux pour repousser les femmes de cette génération derrière les portes de l’emploi: elles seraient inadaptées aux nouvelles technologies, mais cela fait 30 ans qu’elles savent utiliser un ordinateur… Elles seraient fatiguées physiquement, mais en entreprise, la performance physique n’est pas un prérequis, sauf pour les métiers physiques qu’on pourrait peut-être alors aménager… Elles seraient aussi moins performantes intellectuellement or les nouveaux outils informatiques, bureautiques et d’aide à la décision ont été créés pour limiter l’erreur humaine -quel que soit son âge ou son genre- et l’IA s’impose dans le monde du travail en allégeant la charge rébarbative pour laisser l’humain aux commandes.
Cependant cette génération est forte d’une expérience de vie unique (défis technologiques et sociétaux des 20e et 21e siècles, résilience après des crises économiques majeures).
Il n’y a finalement aucune raison probante de tenir cette population écartée de l’emploi, par contre il y a des risques importants à le faire: paupérisation de près d’un million de personnes, exclusion sociale, risque sanitaire (prévalence accrue de problèmes de santé chez les femmes au chômage dans cette catégorie d’âge), dislocation générationnelle…
Alors que la nécessaire politique de forte relance initiée par le nouveau gouvernement se focalise sur l’emploi des jeunes, rien n’est dit sur ces 828.000 femmes abandonnées qui souhaitent simplement retrouver leur place dans la société avant que l’on n’évoque leur mise à la retraite.
600 jours aussi pour aider ces 828.000 femmes de plus de 50 ans qui paradoxalement préparent l’avenir -elles représenteront 60% des consommateurs en 2030- C’EST POSSIBLE!
Ont également signé cette tribune:
- Anne Beaufumé (Paris)
- Christine Bonnefond (69)
- Marie Xavier Carole (Paris)
- Caroline Catino (Paris)
- Veronique Cathelineau (49)
- Aicha Dahabi (Paris)
- Laurence Marie David (69)
- Isabelle Delauney (76)
- Marie-Christine Dyer (Gradignan -33)
- Janique Fontaine (62)
- Elisabeth Gaillard (17)
- Catherine Gervaise (57)
- Régine Glass (93)
- Béatrice Le Blay (92)
- Catherine Lefèvre (94)
- Katherine Marang (Paris)
- Soureya Nadji (Paris)
- Isabelle Pélisson (16)
- Agnès de Préville (06)
- Nadine Ret (94)
- Frédérique Rouanet (11)
- Nadjet Settouti (92)
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