La majorité subit un « coup du rideau », l’examen du pass vaccinal suspendu
Comment? En faisant un “coup de procédure”, comme l’a regretté ce mardi matin le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, qui a fustigé une “amicale de l’irresponsabilité” entre les différentes oppositions de droite et de gauche.
En réalité, cette manœuvre porte un nom: le coup du rideau. La technique est la suivante pour l’opposition: faire croire à la majorité qu’elle demeure majoritaire dans l’hémicycle, au moment d’un vote important concernant le texte à l’examen, ici donc le vote de la poursuite des discussions après l’heure normale de clôture des débats prévue à minuit.
Et au moment où le scrutin est en cours, rentrer en nombre pour, au dernier moment, pour faire basculer les plans de la majorité. Ce que l’on peut effectivement observer dans la séquence ci-dessous, où l’on aperçoit les députés LR débarquer massivement.
Mais pourquoi ce nom “coup du rideau”? En réalité, les députés de la majorité ne sont pas censés être minoritaires en séance, des attachés parlementaires ayant d’ailleurs pour mission de décompter les forces en présence pour s’en assurer. Or, il y a un endroit qui échappe à cette vigilance: les rideaux rouges qui sont disposés aux deux entrées de l’hémicycle. Ce qui permet aux députés de l’opposition de se cacher un bref moment dans ce sas, avant de réaliser leur coup et faire basculer un vote. Mais après plus de quatre ans de mandat et devant un texte aussi explosif, LREM et ses alliés auraient dû s’en prémunir.
“Désinvolture”
Ce qui n’a pas manqué de faire sourire l’opposition. “La majorité était à la buvette et donc minoritaire en séance”, a ironisé le député LR du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, opposé au pass vaccinal. “La majorité macroniste compte 340 députés et elle parvient à se retrouver en minorité en tout début de nuit pour examiner le 1er texte de l’année sur le pass vaccinal. Les oppositions ont eu raison de mettre en lumière cette désinvolture et de suspendre la séance”, a renchéri son collègue Robin Reda.
“Il y a eu clairement un défaut d’anticipation et de mobilisation”, a par ailleurs admis une source parlementaire LREM, citée par l’AFP. Cité sur Franceinfo, le président du groupe Modem, Patrick Mignola, a par exemple reconnu qu’il était en train de dormir dans son bureau en prévision de la longue nuit de débat qui s’annonçait.
L’examen du projet de loi relatif au pass vaccinal pourrait reprendre ce mardi en fin de journée, après que la Conférence des présidents (réunion des présidents de tous les groupes parlementaires) aura fixé l’heure de la reprise des débats.
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