Le leader du peuple Kayapo a été transféré “avec une certaine urgence” du petit hôpital de la ville de Colider où il avait été admis jeudi, vers un établissement plus moderne de celle de Sinop (centre-ouest également), en raison d’“une aggravation de son état”, a annoncé le premier établissement.
“Il a présenté aujourd’hui (…) une hausse de son anémie et une dégradation des fonctions rénales (…) probablement à cause d’une hémorragie digestive”, a indiqué dans un bulletin l’hôpital Santa Inês de Colider où avait été admis jeudi le chef indigène défenseur de la forêt amazonienne.
Cet hôpital de l’État du Mato Grosso “ne disposant pas d’unité de soins intensifs, il a été transféré avec une certaine urgence dans un autre établissement” du même État “au cas où son état clinique empirerait”.
État dépressif depuis le décès de son épouse
Celui-ci, l’hôpital Dois Pinheiros, a indiqué en soirée que le chef mondialement célèbre au plateau labial présentait “des signes d’amélioration”, notamment une élévation de sa tension, après de premiers soins.
Raoni pourrait souffrir d’un ulcère gastrique, une piste qui expliquerait les saignements dont il s’est plaint et qui sera explorée avec des examens, dont une endoscopie, à partir de dimanche, a précisé l’hôpital, où il devrait rester “au moins trois jours”.
Raoni Metuktire, connu dans le monde entier pour sa lutte infatigable pour la défense des droits et des terres indigènes, avait été transporté par avion de son village vers Colider, souffrant de “faiblesse, difficultés respiratoires, perte d’appétit et de diarrhées”, a précisé l’hôpital Santa Inês.
L’établissement a ajouté que le cacique se trouvait dans un état dépressif depuis le décès de son épouse Bekwyjka le 23 juin, d’un accident vasculaire cérébral. Bekwyjka était sa compagne et conseillère depuis plus de 60 ans. D’autres sources, telles la Fondation Raoni ou Gert-Peter Bruch, président de l’ONG française Planète Amazone, ont confirmé que le cacique avait été extrêmement affecté par la disparition de son épouse. Le cacique “a commencé à être malade il y a 15 jours, avec de la fièvre, des diarrhées et des vomissements” et il était déshydraté, a précisé Bruch.
Ferme opposant à Bolsonaro
Alors que beaucoup d’indigènes ont été contaminés par le Covid-19 qui balaie le Brésil, “on a pensé au coronavirus”, a ajouté le président de l’ONG qui a organisé des levées de fonds pour le peuple Kayapo, mais “il a fait un test Covid négatif”.
Un petit-fils du cacique, Takakdjo Metuktire, a indiqué à l’AFP: “Il ne faut pas trop s’inquiéter, il va bien”, alors que les messages affluaient sur les sites défendant la cause indigène pour des prières pour le vieux chef.
Alors que le Brésil se rapproche du cap des 80.000 morts du coronavirus, les populations indigènes ont été durement frappées en raison entre autres d’une immunité faible: plus de 16.000 autochtones ont été contaminés et 535 en sont morts, selon les données de l’APIB, l’Association des peuples indigènes du Brésil.
Le coronavirus a notamment emporté en juin un cacique et défenseur de la forêt amazonienne très connu, Paulinho Paiakan, âgé d’environ 65 ans. Dans une récente interview à l’AFP, Raoni avait accusé le président brésilien Jair Bolsonaro de vouloir “profiter de cette maladie” pour éliminer son peuple.
Depuis l’arrivée au pouvoir en janvier 2019 du dirigeant d’extrême droite, le vieux chef des Kayapo ne mâche pas ses mots contre le président, dont il a réclamé le départ et qui a tenu des propos méprisants envers les autochtones.
Gardien de la tradition des Kayapos, des nomades vivant dans une réserve située dans la partie brésilienne de la forêt amazonienne, Raoni Metuktire a fait près d’une vingtaine de tournées hyper-médiatisées autour du monde où il a croisé deux papes, l’empereur du Japon, le prince Charles ou encore les quatre derniers présidents français.
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