Un menu pas très étonnant au regard des orientations de la chaîne hôte de ce troisième débat, mais qui, en plus de donner une impression de “déjà vu”, esquive des questions d’importance, comme l’écologie, pourtant devenue un enjeu majeur dans les préoccupations des Français. D’autant qu’il est admis que le changement climatique pourrait provoquer d’importants mouvements migratoires ce qui, pour des candidats aussi engagés sur l’immigration, aurait de quoi intéresser. Mais pas les acteurs de ce débat, Laurence Ferrari et Sonia Mabrouk comprises.
Une idée que partage Valérie Pécresse, qui a plaidé de son côté pour “des brigades coups de poing” dans les zones sensibles. À l’inverse des trois autres candidats qui préfèrent mettre l’accent sur la réponse pénale ou sur de nouveaux moyens accordés à la police municipale. Difficile donc, dans ces conditions, de faire la différence, tant les cinq concurrents semblent rejouer la même musique depuis des semaines.
“Bac Nord” et droit du sang
Ce qui, mécaniquement, peut conduire à la surenchère. C’est ainsi que Philippe Juvin a déclaré en plateau que “notre modèle de civilisation est supérieur aux autres”. De son côté, Éric Ciotti a indiqué vouloir “expulser tous les détenus étrangers”, tout en mentionnant, sans développer, les détenus “d’origines étrangères”. Surenchère également quand Valérie Pécresse a demandé à Sonia Mabrouk, en marge d’une démonstration sur le manque d’effectifs policiers en banlieue, si elle avait vu le film “Bac Nord”.
Comme si une fiction, également citée en exemple par Marine Le Pen et Éric Zemmour, était une base assez solide pour bâtir une politique sécuritaire. Une vaste course à la droitisation au cours de laquelle on ne s’étonne même plus de voir Éric Ciotti parler de droit du sang concernant l’immigration: un sujet contre lequel Nicolas Sarkozy se battait, il y a quelques années, face à Jean-Marie Le Pen.
Également alignée sur les obsessions de la droite la plus conservatrice, la séquence sur la culture, ou plutôt sur la “cancel culture”, a également donné lieu à des échanges qui semblent éloignés des préoccupations du secteur et des Français. À titre d’exemple, on a pu entendre Éric Ciotti accuser (encore) le maire de Rouen d’avoir déboulonné la statue de Napoléon. Une accusation mensongère, puisque l’œuvre en question est en rénovation.
“L’idéologie du wokisme veut détruire le fondement de notre cohésion nationale”, a renchéri Michel Barnier, qui a même proposé d’interdire “par la loi” l’écriture inclusive. Certes, d’autres sujets ont bien été abordés sur la fin du débat, notamment économiques Mais dans des proportions moindres que les questions identitaires et sécuritaires, ce qui n’a pas vraiment permis aux candidats d’exposer leur vision approfondie sur les solutions à apporter à la crise sociale, au chômage, au défi climatique, aux services publics ou encore à l’Europe. Soit le genre de sujets qui sont censés préoccuper un président de la République.
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