Les deux neurologues partent de l’idée que “la dyslexie est une invention humaine”, qu’elle a été cataloguée derechef parmi les troubles cognitifs dès sa découverte en 1896, et que la dernière définition en date, qui a valeur de référence aux États-Unis, n’aide pas le moins du monde! En effet, elle comporte les mots “troubles d’apprentissage”, “difficultés”, “déficits”, “conséquences secondaires”, “obstacles supplémentaires”. Autant d’injonctions à percevoir la dyslexie comme une tare.
Aujourd’hui encore, malgré les efforts de la sphère soignante, notamment en France, la dyslexie reste associée à une maladie. Elle a pourtant été rangée dans la famille des “troubles spécifiques des apprentissages scolaires”, afin de diminuer la stigmatisation. Mais cela n’empêche pas les enfants de développer honte et perte de confiance.
Ni un trouble, ni un handicap
Au téléphone, elle ajoute: “Ça fait 20 ans que nous arrivons à faire lire et écrire des dysorthographiques et des dyslexiques, quel que soit l’âge, alors il est temps de les envisager comme des personnes tout à fait normales. Et cela fait 14 ans que les chercheurs français ont démontré qu’il s’agissait d’un fonctionnement neurologique différent et non d’un trouble ou d’un handicap.”
Ainsi, les outils ont évolué, les professionnels également, mais traîne encore dans la vulgate scientifique et la société au sens large cette réputation de personnes “déficientes”.
“Exceller à être dyslexique”
Ils veulent aider les patients ”à devenir meilleurs en tant que dyslexiques”, voire à “exceller à être dyslexique”.
Et les auteurs de citer nombre de personnes célèbres ayant été diagnostiquées dyslexiques, qui sont le plus souvent “haut potentiel”.
Lien entre dyslexie et talent
La réponse est clairement non.”
Dès lors, la dyslexie prédisposerait à de grandes aptitudes dans la géométrie en 3D, ou bien dans la perception des analogies, des métaphores et des paradoxes.
Des atouts que tempère l’orthophoniste Béatrice Sauvageot: “Attention, les dyslexiques ne sont pas plus intelligents que les autres, ils ont un fonctionnement différent, qui leur permet de développer des compétences qui ont pour objectif de compenser les difficultés scolaires. Et si on laissait les dyslexiques lire et écrire à leur manière, ils sauraient tous le faire avant l’entrée au CP. D’autant que le CP vient casser leurs prédispositions, comme l’écriture en miroir ou l’écriture en croisé.”
Les schémas de force MIND
“Ces schémas de forces n’ont rien de catégories rigides ou hermétiques, précisent les médecins, mais doivent être perçus comme des outils permettant de mieux saisir et comprendre ce que sont les talents dyslexiques. Si aucune des forces MIND n’est l’apanage des personnes dyslexiques, chacune est liée à des traits cérébraux cognitifs et structurels particuliers, communs aux personnes dyslexiques.”
Ces schémas valorisants modifieront peut-être notre perception des troubles cognitifs spécifiques et des troubles des apprentissages. Et sans doute, nommerons-nous un jour les “troubles” autrement.
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