Tout commence en 2021, lorsque que le festival de Cannes fait don de son célèbre tapis à la Réserve des arts, une association qui aide les professionnels de la culture et de l’artisanat à entrer dans une économie circulaire. Après avoir récupéré 2,6 tonnes de moquette rouge, elle a fait appel aux Nippones pour exploiter cette matière.
Trouver une nouvelle utilité au tapis rouge après le festival
“Notre association a pour but la gestion et la valorisation de déchets, notamment textiles. Nous cherchons donc à développer des produits à partir de matières destinées à disparaitre”, nous explique Elsa Yordikian, qui a créé Les Nippones il y a un peu plus d’un an avec sa mère Nathalie. Le projet correspond alors parfaitement à leurs pratiques et leurs valeurs. L’upcycling et le “zéro-déchets”, elles en font une affaire de famille.
Durant une résidence de cinq mois, elles ont eu pour défi de trouver une nouvelle utilité au tapis rouge, et ont donc décidé de fabriquer une série de sacs. Cinq prototypes ont alors été créés en moquette, matière qui “n’est pas très valorisée, et qui a du mal à s’écouler” selon l’association. Sobrement nommée “Tapis rouge”, la série présente notamment un modèle inspiré des détails du sac Birkin d’Hermès.
Les Nippones
À Saint- Cyr-sur-mer, ou à la Cité des arts de la rue à Marseille, “les gens sont assez intrigués et intéressés. Notre stand se voit de loin, on nous reconnait grâce à ça”, ajoutent-elles. “On nous a même demandé d’en faire des sacs à vin, pour des producteurs locaux installés à Cannes. Cela fait sens pour eux de réutiliser la moquette du festival pour les caves du coin”, précisent-elles.
Les Nippones
“Il faut garder en tête que le produit a vécu”
Elles le conçoivent, vendre des sacs créés à partir de matières recyclées n’est pas chose facile. “Cela reste compliqué à marchander. Il est encore trop tôt pour vendre du déchet, ce n’est pas rentré dans les mœurs”, déplorent-elles.
“Il faudrait presque le cacher, mais nous, nous sommes fières de faire revivre des matières qui devaient partir à la décharge et de les transformer”, explique Elsa. “Je viens d’une famille modeste où le recyclage n’est pas une nouveauté. Chez nous rien ne se jette”, approuve Nathalie.
Le produit présente quelques cicatrices issues de son ancienne vie. “Certes il est abimé à certains endroits, il n’est pas parfait mais il faut garder en tête que c’est un produit qui a vécu”, précisent-elles.
Un tapis de 60 mètres de long changé tous les jours à Cannes
Après chaque édition du festival de Cannes, les organisateurs se retrouvent avec plusieurs tonnes de tapis sous les bras. Installé sur les marches, il mesure 60 mètres de long, et s’étale sur 240 m². Il est changé chaque jour par les équipes d’installateurs. Même si le festival a divisé cette fréquence de remplacement par deux depuis 2021, économisant ainsi 950 kilos de tissu, la quantité de moquette restante à la fin de la quinzaine reste considérable. C’est pourquoi l’introduction de cette matière dans un circuit de recyclage est particulièrement importante.
“C’est intéressant pour nous de travailler avec le festival de Cannes car c’est une grosse machine énergivore, qui fonctionne depuis longtemps. Les organisateurs se rendent compte eux-mêmes de ce qu’ils produisent et jettent”, nous explique Ariane Leblanc, chargée de développement et des adhérents à la Réserve des arts.
Collecté dans des entrepôts, le tissu peut ensuite retrouver l’utilité qu’il a perdu. Les Nippones ne sont d’ailleurs pas les seules à en avoir bénéficié. “Nous en avons également fourni une partie à Leslie Bourgeois, une scénographe qui en a fait des kimonos pour son adaptation de La mouette, une pièce de théâtre d’Anton Tchekhov”, ajoute Ariane Leblanc.
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