Le vaccin Covid ouvert à tous: au détriment des plus vulnérables?
Mais en ouvrant la vaccination à toujours plus de monde, ne risque-t-on pas de priver de vaccins ceux qui en ont le plus besoin? Le nombre de personnes jugées prioritaires non vaccinées reste important. En avril, Olivier Véran déclarait à l’AFP que “4,3 millions de Français” prioritaires attendaient encore d’être vaccinés. “Pour être protégée” soulignait alors le ministre de la Santé “80% d’une tranche d’âge doit être vaccinée”. Fin mai, environ 40 % des 50-64 ans, une tranche d’âge considérée comme prioritaire, n’avaient toujours pas reçu de première dose.
Les Autorités Régionales de Santé (ARS) se veulent toutefois rassurantes, l’élargissement de la campagne de vaccination ne devrait pas se faire au détriment des plus vulnérables, affirment-elles. En premier lieu, parce que le stock de vaccins disponible semble suffisant pour faire face à l’accroissement de la demande. Contactée par Le HuffPost l’ARS de la Réunion déclare qu’il existe “suffisamment de doses pour permettre aux personnes prioritaires de prendre rendez-vous.” Et en cas de tensions d’approvisionnement, dans le cadre d’une stratégie définie au niveau national, les ARS réserveront si besoin des créneaux spécifiques pour les publics prioritaires.
“Aller vers” les plus vulnérables
En parallèle de l’extension de la vaccination, les ARS mèneront des actions spécifiques à direction des publics prioritaires non encore vaccinés. Sollicitée par Le HuffPost, l’ARS Île-de-France déclare continuer de poursuivre une stratégie “d’aller vers” ces publics “en maintenant des dispositifs existants tels que les centre CPAM et les vaccinations mobiles dans les quartiers prioritaires et dans les zones rurales.”
Pour les professionnels prioritaires, qui peuvent se faire vacciner depuis le 24 mai, l’Agence a réservé plusieurs milliers de créneaux dans les centres de vaccination et programmé diverses opérations spéciales (nocturnes, centres éphémères, journées dédiées…)
Une campagne de vaccination va être lancée par l’ARS Île-de-France auprès des personnes accompagnées ou hébergées dans des structures d’accueil, d’hébergement et d’insertion sociale. Des travailleurs sociaux seront formés à la promotion de la vaccination et des équipes mobiles seront constituées.
Enfin de nouvelles actions ciblées dites de “ramener-vers” vont être entreprises. Elles viseront certaines populations comme les personnes en situation d’obésité, âgées, isolées ou peu autonomes. Ces publics bénéficieront de créneaux réservés en centre de vaccination, affirme l’ARS Île-de-France.
Vacciner les jeunes pour protéger les plus fragiles
Aller chercher les publics prioritaires non vaccinés apparaît effectivement répondre à une demande de ces derniers. Selon une étude de Santé Publique France la majorité des personnes âgées pas encore vaccinées, environ 63% des 65 ans et plus, souhaitent recevoir une injection. Si elles n’ont pu jusqu’à présent accéder au vaccin, c’est bien souvent en raison de problèmes de mobilité et pas d’un refus de se protéger.
Étendre la vaccination aux personnes non prioritaires peut d’ailleurs être considéré en soi comme une mesure de protection des plus fragiles. “L’ouverture de la vaccination à tous les majeurs est une bonne chose: Il faut que toutes les doses soient utilisées et élargir la vaccination afin d’atteindre l’immunité collective”, juge l’épidémiologiste Catherine Hill auprès du Huffpost. ”Si 80% de la population au total est vaccinée, même si les publics prioritaires ne sont pas complètement protégés, cela suffirait à ralentir la circulation du virus.”
Élargir la vaccination profitera in fine également aux personnes les plus vulnérables. Les personnes non prioritaires “comme les jeunes, ne se vaccinent pas pour elles. Beaucoup d’entre elles, si elles contractent le Covid, ne s’en apercevront pas, rappelle l’épidémiologiste. Si les jeunes se vaccinent, c’est pour faire barrage au virus, ce qui protègera les personnes les plus fragiles.”
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