POLITIQUE – Emmanuel Macron aura-t-il la majorité? Sera-t-elle relative? Quel score pour la NUPES, nouvelle union de la gauche, malgré des dissidences et pour le RN, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il n’entendait pas l’emporter?
C’est à toutes ces questions que les électeurs, appelés aux urnes les 12 et 19 juin, devront répondre, dans des législatives inédites.
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C’est la première fois depuis le quinquennat et l’inversion du calendrier en l’an 2000 qui place l’élection des députés juste après la présidentielle qu’un président sortant a été réélu. Une performance historique qui laisse aussi un flou: Emmanuel Macron aura-t-il une majorité suffisante pour gouverner le pays?
LREM: obtenir la majorité et faire élire ses ministres
C’est l’enjeu pour le parti du gouvernement rassemblé sous la bannière “Ensemble” -contesté par le parti de Clémentine Autain éponyme- qui réunit LREM, le MoDem, Horizons, Agir et Territoires de Progrès. Avec 267 députés, LREM compte sur le MoDem et ses 57 élus pour gouverner; la majorité absolue étant à 269 voix.
Le groupe dirigé par Christophe Castaner a perdu des troupes au cours du précédent quinquennat: ils étaient 314 en 2017. En 2022, la question est: les troupes d’Édouard Philippe, qui ont obtenu 68 investitures, serviront-elles de groupe pivot pour la majorité, ce qui donnerait un rapport de force favorable pour l’ancien Premier ministre qui viserait l’Élysée en 2027?
Autre enjeu et non des moindres: l’élection des 15 ministres qui se présentent sur les 29 du gouvernement. Parmi eux, la Première ministre, Élisabeth Borne, qui se présente dans la 6e circonscription du Calvados pour un premier mandat électif. Le cas Damien Abad, dans la 5e circonscription de l’Ain, sera scruté alors que le ministre des Solidarités est en pleine tourmente.
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Amélie de Montchalin (Transition écologique) en Essonne, Brigitte Bourguignon (Santé) dans le Pas-de-Calais, Olivier Véran (Relations avec le Parlement) en Isère ou encore Gérald Darmanin (Intérieur) dans le Nord sont candidats.
La NUPES: envoyer Mélenchon à Matignon ou peser dans l’opposition
C’est une alliance “historique” selon Jean-Luc Mélenchon. Après une campagne présidentielle marquée par les divisions, LFI, le PS, EELV et le PCF se sont entendus pour un accord en vue des législatives. “Élisez-moi Premier ministre”, a brandi le leader insoumis qui ne se représente pas et laisse sa place à son bras droit Manuel Bompard dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, mais qui entend bien arriver à Matignon.
S’il n’y parvenait pas, le but des Insoumis est d’avoir le groupe le plus important de l’opposition pour préparer l’avenir et tenter de faire échouer les projets de loi du gouvernement.
Le PS voit quand même 65 candidatures dissidentes à cette union alors qu’il a obtenu 70 investitures dans le cadre de la NUPES. Un dissident insoumis se présente aussi face à Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et investi par la NUPES dans le Nord. Il faudra scruter l’attitude des électeurs dans ces départements où la gauche part divisée. Le score total des députés sera majeur pour peser à l’Assemblée et devenir en nombre les premiers opposants – qui étaient LR jusqu’à présent.
Le RN: se débarrasser de Zemmour et avoir un groupe
“Emmanuel Macron va avoir sa majorité”. C’est par ces mots peu conquérants que le président du RN, Jordan Bardella, a débuté la campagne le 6 mai, pendant que Marine Le Pen était en vacances après la présidentielle. La députée du Pas-de-Calais se représente et espère obtenir un groupe à l’Assemblée. Il lui faudra envoyer 15 députés au Palais-Bourbon, elle qui en compte 6 à l’heure actuelle.
Autre enjeu, et pas des moindres: anéantir le parti Reconquête! qui l’a frontalement concurrencée pendant la présidentielle. Face à Éric Zemmour, Philippe Lottiaux est investi et Jordan Bardella est allé le soutenir dans la 4e circonscription du Var qui comprend Saint-Tropez afin de contrer l’impétueux. Une démarche très mal vue par la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal.
Cette dernière est suppléante dans son ancienne circonscription du Vaucluse, derrière Stanislas Rigaud, président de Génération Z, investi candidat. Jordan Bardella prévoit le 4 juin un meeting dans le coin, à Cavaillon, de quoi installer le duel entre les deux formations. Reconquête! présente tout de même 450 candidats, ce qui pourrait diviser le vote d’extrême droite et affaiblir le RN.
LR: sauver les meubles et les sortants
Ils sont 100 actuellement dans le groupe LR et une vingtaine à ne pas se représenter. Affaibli par le score catastrophique de Valérie Pécresse à la présidentielle et par le départ de leur président de groupe Damien Abad au gouvernement, le parti de droite joue sa survie.
“Nous voulons incarner cette troisième voie, entre Emmanuel Macron et le RN”, nous disait Anne-Laure Blin, en campagne dans le Maine-et-Loire. Ils étaient nombreux sur le terrain ce week-end pour tenter de sauver leur siège. Les plus connus et implantés ne semblent pas s’inquiéter – “j’ai un bon accueil”, confiait Virginie Duby-Muller en Haute-Savoie, mais “rien n’est joué jusqu’au dernier bulletin de vote”, soufflait Sébastien Huygue, dans le Nord.
L’enjeu crucial -et pour tous les candidats- de ces élections sera surtout la mobilisation. En 2017, les Français à s’abstenir étaient majoritaires: 57,4% au second tour, un record sous la Ve République pour des législatives.
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