Les arrêts maladie longue durée continuent de s’envoler
Cette année, les arrêts maladie longue durée continuent de croître. C’est ce qui ressort du baromètre annuel Malakoff Humanis publié le 16 novembre et dont les données sont issues d’un sondage réalisé auprès de 2 000 salariés du privé et 400 dirigeants d’entreprise.
Sur la période allant de septembre 2019 à août 2020, les arrêts de plus de 30 jours ont augmenté dans le secteur privé de 33 % par rapport aux douze mois précédents. Cela sans tenir compte des arrêts de travail dérogatoires pour garde d’enfants, ni des arrêts de travail dérogatoires « personnes à risque ». Ces arrêts, qui comptaient pour 9 % des arrêts maladie l’année précédente, en représentent désormais 12 %. En moyenne, ces arrêts longs sont de 94 jours. Ils concernent dans 44 % des cas des salariés âgés de 50 ans et plus.
Dans le même temps, le nombre de salariés qui se sont vu prescrire un arrêt de travail au cours des douze derniers mois a baissé, passant de 44 % en 2019 à 36 % cette année.
L’hypothèse d’un accroissement des souffrances psychiques
Ces données confirment une tendance structurelle de long terme et une évolution récente, imputable aux conséquences de la crise sanitaire.
Pendant la crise sanitaire, les maladies graves ou chroniques ont moins été prises en charge, confirme le baromètre. Le taux de salariés arrêtés pour ces raisons est passé de 20 % début 2020 à 15 % pendant le confinement, puis à 11 % pendant le déconfinement. A l’inverse, le taux de salariés arrêtés pour troubles psychologiques a grimpé de 9 % début 2020 à 14 % pendant le confinement, puis à 18 % lors du déconfinement, relève l’étude Malakoff Humanis.
Le taux de salariés arrêtés pour troubles psychologiques a grimpé de 9 % début 2020 à 14 % pendant le confinement, puis à 18 % lors du déconfinement, relève l’étude Malakoff Humanis
Mais concernant cette hausse globale des arrêts maladie qui porte sur les salariés, « on ne peut faire pour l’instant que des hypothèses », note François Desriaux, rédacteur en chef du magazine Santé & Travail. S’agit-il de malades du Covid ? « Il peut s’agir de personnes mises à l’arrêt par leur médecin traitant car population à risque. L’augmentation du recours aux arrêts longs peut aussi s’expliquer par l’accroissement du risque psychique lié au confinement. Enfin, impossible d’écarter l’hypothèse d’une dégradation des conditions de travail pendant cette période. »
Du côté de l’assurance maladie, on note une hausse conséquente des indemnités journalières sur la même période : alors que le montant des dépenses avait crû de 4,5 % sur la période octobre 2018-septembre 2019 par rapport aux douze mois précédents, l’augmentation est cette fois de 23 % pour la période octobre 2019-septembre 2020, toujours ramenée aux douze mois précédents. A noter toutefois que ce chiffre comprend toutes les indemnités, y compris celles destinées à financer les arrêts de travail dérogatoires pour garde d’enfants et les arrêts de travail dérogatoires « personnes à risque ». L’assurance maladie n’est toutefois pas encore en mesure de donner le détail de ces dépenses en les rattachant à un type d’arrêt maladie.
Une augmentation tendancielle des arrêts maladie longue durée
L’augmentation des arrêts maladie longue durée n’est toutefois pas une nouveauté. Depuis plusieurs années, la durée moyenne des arrêts maladie s’envole. Chaque bénéficiaire était indemnisé pendant 47,4 jours en moyenne en 2017, contre 43,5 jours en 2013, notait la Cour des comptes en 2019. La part des arrêts les plus courts (moins de 31 jours) dans le total des arrêts a diminué, passant de 76,4 % en 2011 à 74,6 % en 2017.
A l’inverse, les dépenses d’indemnisation se concentrent de plus en plus sur les arrêts de longue durée (plus de trois mois). Celles-ci représentaient 62 % des dépenses d’indemnités journalières en 2017, contre 60 % en 2011. « La tendance à l’augmentation des arrêts longs est liée au recul de l’âge de départ à la retraite, souligne François Desriaux. Plus les salariés sont vieux, plus ils sont malades. »
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