Les chiffres et cartes du Covid en France au 29 décembre 2021
Si de premières études montrent qu’Omicron entraine moins d’hospitalisations que Delta, les prévisions de l’Organisation mondiale de la santé sont sombres. La propagation rapide d’Omicron “même si elle se combinait avec une maladie légèrement moins grave, entrainera tout de même un grand nombre d’hospitalisations, notamment parmi les non-vaccinés”, a alerté Catherine Smallwood, l’une des principales responsables de l’OMS Europe.
Ce variant est d’autant plus à surveiller que, pour l’heure, les cas observés sont surtout des populations jeunes et vaccinées. “Nous n’avons pas encore vu l’impact qu’Omicron aura sur les groupes les plus vulnérables : les personnes âgées qui n’ont pas encore reçu une vaccination complète”, a averti l’experte.
Pour bien comprendre où en est la France face au Covid-19, Le HuffPost vous propose de regarder les derniers chiffres, mais surtout leur évolution en cartes et en courbes. Un point important à bien avoir en tête avant de poursuivre votre lecture: les données sont toujours publiées dans la soirée. Ainsi, les chiffres à jour ce mercredi 29 sont ceux publiés la veille, mardi 28.
Il faut également savoir que ce ne sont pas les chiffres du jour, mais ceux à J-1 pour le nombre d’hospitalisations et le nombre de nouveaux cas confirmés. Pour l’incidence et le taux de positivité, ce sont les chiffres du dépistage à J-3 (à la date de réalisation du test) qui sont utilisés.
Les courbes nationales du Covid-19
Mardi 28 décembre, la Direction générale de la Santé a recensé 179.807 cas positifs, soit un niveau jamais atteint depuis le début de l’épidémie. Le ministre de la Santé Olivier Véran s’attendait à atteindre 250.000 nouveaux cas par jour début janvier, nous en sommes déjà proches. Si l’on regarde l’évolution moyenne (sur 7 jours, la courbe bleue), on voit que la cinquième vague repart de plus belle, gonflée par les contaminations liées au variant Omicron.
Les chiffres à J-1 sont pratiques pour suivre au plus près l’évolution de l’épidémie, mais sont susceptibles de varier d’une semaine à l’autre en fonction de la rapidité de remontée des résultats. Pour bien s’assurer des tendances, il est préférable de regarder les données publiées par Santé Publique France, qui montrent le nombre de cas à la date du dépistage, avec un retard de trois jours.
Les graphiques ci-dessous permettent de voir cet indicateur, ainsi que d’autres essentiels pour suivre l’évolution de l’épidémie. On voit par exemple que les nouvelles hospitalisations recommencent à augmenter alors qu’elles n’augmentaient plus depuis quelques jours (1308 le 28 contre 1271 le 25). Le taux de positivité, lui, est reparti en flèche avant les fêtes.
Signification des différents indicateurs
- Taux d’incidence: c’est le nombre de cas détectés pour 100.000 habitants. Il est très utile, car il donne un état des lieux de l’épidémie en quasi-temps réel (quelques jours de décalage pour l’apparition des symptômes, voire avant leur apparition pour les cas contacts). Mais il est dépendant des capacités de dépistage.
- Taux de positivité: c’est le nombre de tests positifs par rapport aux tests totaux effectués. Il permet de “contrôler” le taux d’incidence. S’il y a beaucoup de cas dans un territoire (taux d’incidence), mais que cela est uniquement dû à un dépistage très développé, le taux de positivité sera faible. À l’inverse, s’il augmente, cela veut dire qu’une part plus importante des gens testés sont positifs, mais surtout que les personnes contaminées qui ne sont pas testées, qui passent entre les mailles du filet, sont potentiellement plus nombreuses.
- Taux d’occupation des lits de réanimation par des patients Covid-19: C’est un chiffre scruté, car il permet de savoir si les hôpitaux sont capables de gérer l’afflux de patients. Il est très utile, car il y a peu de risque de biais: il ne dépend pas du dépistage et les occupations de lits sont bien remontées aux autorités. Son désavantage: il y a un délai important entre la contamination et le passage en réanimation, d’environ deux à trois semaines.
- Entrées en réanimation et nouvelles hospitalisations: moyenne lissée sur 7 jours des personnes entrant à l’hôpital
- Décès à l’hôpital: Comme les réanimations, c’est un indicateur plutôt fiable, mais avec un délai important.
- R effectif: cet indicateur représente le “taux de reproduction du virus” réel, c’est-à-dire le nombre de personnes infectées par un cas contagieux. Il est calculé par des épidémiologistes et a lui aussi un délai important.
Comme on peut le voir, la plupart les indicateurs sont à la hausse. Mais le plus important, c’est de comprendre à quel point cette évolution est rapide ou qu’elle décroit. Pour cela, il est intéressant de regarder l’évolution sur une semaine, en pourcentage, de ces chiffres:
Le taux d’incidence continue d’augmenter (les barres violettes grimpent vers le haut). Si sur ce diagramme, le taux d’incidence semble augmenter moins rapidement cette dernière semaine, ce résultat est faussé par la prise en compte de Noël, un jour férié. En « corrigeant » l’effet jour férié du 25 décembre, le taux d’incidence se rapproche de 800. Il a augmenté de 43,3 % en une semaine, avec cette correction, explique Le Parisien. En clair, le pic de cette 5e vague que l’on espérait n’est toujours pas là.
Du côté des indicateurs hospitaliers (dont on estime qu’ils ont entre 10 et 15 jours de décalage sur les indicateurs sanitaires), le taux d’occupation en réanimation approche la barre des deux-tiers (68%). Si ce taux reste inférieur aux vagues précédentes, il continue de grimper et le nombre de lits occupés progresse chaque jour. La barre des 3000 patients en soins critiques a été franchie et le gouvernement prévoit que les 4000 soient atteints fin 2021 ou tout début 2022. Même chose pour les hospitalisations même si la vitesse d’augmentation tend à se réduire.
Carte du taux d’incidence par départements
Si l’on regarde l’évolution de l’épidémie de manière plus locale, on voit que la tendance est toujours à la hausse, mais qu’une baisse se fait sentir dans certains départements métropolitains. Ils sont une vingtaine (en bleu sur la carte) à voir l’indicateur s’orienter dans le bon sens. Avec des différences marquées entre les territoires, comme on peut le voir sur la carte ci-dessous qui montre l’évolution du taux d’incidence sur une semaine. On voit cependant que certains départements (en rouge sur la carte) voit l’incidence bondir depuis quelques jours sous l’influence du variant Omicron. Il est “sans doute dominant en Île-de-France, où l’incidence augmente en flèche”, a expliqué l’épidémiologiste Dominique Costagliola en début de semaine.
En France métropolitaine, tous les départements sont au-delà du seuil de 200 de taux d’incidence. Et le chiffre de 1000 est même atteint dans les Alpes-Maritimes. Le maximum est atteint à Paris.
Le graphique ci-dessous permet d’analyser plus en détail la situation dans votre département.
La carte du taux d’occupation en réanimation
Du côté des indicateurs hospitaliers, le taux d’occupation en réanimation est maintenant supérieur à 50% dans toutes les régions sauf la Bretagne et la Normandie. La tension est très nette en Paca et en Corse où il y a plus de patients que de place normalement disponibles. Des transferts de patients ont d’ailleurs déjà eu lieu.
Une vaccination très efficace, mais qui patine
Comment expliquer cette cinquième vague? Difficile à dire tant le coronavirus réussit à déjouer nos pronostics, mais il faut déjà rappeler qu’une hausse était prévisible, surtout avec la dominance du variant Delta, bien plus contagieux.
Une hausse maîtrisée de l’épidémie en plein hiver, avec des mesures limitées (tel le pass sanitaire, le port du masque, l’aération des lieux clos, etc.), n’est possible que grâce à la vaccination. Si le vaccin ne protège pas à 100%, il réduit le risque d’infection et baisse drastiquement le risque de développer une forme grave du Covid-19.
Aujourd’hui, 77% de la population est doublement vaccinée, comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous, avec des disparités entre les classes d’âge.
Mais on sait maintenant que l’efficacité du vaccin contre l’infection baisse avec le temps, notamment six mois après la vaccination. La protection contre les formes graves de Covid-19 reste élevée, mais semble tout de même diminuer, notamment chez les personnes âgées.
C’est pour cela que de nombreux pays, dont la France, ont lancé une campagne de rappel. Dans ses prévisions de fin novembre, l’Institut Pasteur estime qu’une dose de rappel, en réduisant encore plus le risque d’hospitalisation des personnes les plus à risque et en diminuant le risque d’être infecté, peut faire baisser le pic des hospitalisations en théorie. Ainsi, un rappel pour les plus de 65 ans diminue la hauteur du pic de 20%, alors qu’un rappel pour l’ensemble des adultes le fait chuter de 44%.
La fulgurance du variant Omicron rend cette troisième dose encore plus indispensable mais à peine un tiers de la population l’a déjà reçue.
Le graphique suivant permet de mieux se rendre compte de la progression des injections de rappel:
Des vaccins toujours efficaces face au Covid-19
L’efficacité des vaccins et de la troisième dose se voit facilement si l’on analyse le nombre de personnes vaccinées ou non-vaccinées positives, hospitalisées ou en réanimation.
Il faut par contre faire attention: plus de 91% des adultes sont vaccinés. Il est donc logique qu’il y ait beaucoup de personnes vaccinées dans les hôpitaux. Mais si l’on compare à effectif égal (combien d’hospitalisés pour un million de vaccinés, versus combien d’hospitalisés pour un million de non-vaccinés), on voit bien que le vaccin est très efficace.
La preuve avec les graphiques ci-dessous. On y voit également que le rappel augmente encore plus l’efficacité du vaccin
A voir aussi sur Le HuffPost: Revivez l’intervention de Jean Castex et Olivier Véran en intégralité ci-dessous:
Commentaires récents