Les meurtriers d’Ahmaud Arbery condamnés à la prison à vie
Ils avaient été reconnus coupables de meurtre le 24 novembre dernier à Brunswick, dans l’État de Géorgie, après des débats marqués par la question du racisme et du droit à l’autodéfense.
Ahmaud Arbery est sorti de chez lui “pour faire un jogging et il a fini par courir pour sauver sa vie”, a affirmé le juge Timothy Walmsley en prononçant vendredi la sentence dans cette ville côtière du sud-est de l’État. Le jeune homme a été “pourchassé et tué parce que les individus dans cette salle ont fait eux-mêmes la loi”, a-t-il expliqué.
“L’autodéfense finit toujours mal”
Il a estimé que Gregory McMichael avait incité son fils et son voisin à poursuivre le jeune homme, tout en admettant après coup ne pas être sûr qu’il ait été réellement un cambrioleur.
Il a aussi fustigé l’attitude de Travis McMichael qui “s’inquiète pour son bébé (resté seul à la maison, NDLR) et lui-même, alors que la victime gît sur le sol”. La famille d’Ahmaud Arbery avait réclamé vendredi matin une “punition maximale” pour les trois hommes.
Ils “ont pris mon fils pour cible parce qu’ils ne voulaient pas de lui dans leur quartier”, a assuré la mère d’Ahmaud Arbery, Wanda Cooper-Jones, demandant “la prison à perpétuité sans une chance de liberté anticipée”. “Ils se sont engagés jusqu’au bout dans ce crime, ils doivent être engagés jusqu’au bout pour les conséquences”, a-t-elle dit.
“L’autodéfense finit toujours mal”, a pour sa part affirmé la procureure Linda Dunikoski, estimant que les McMichael n’avaient montré “ni remords, ni empathie”. Elle a ainsi révélé que Gregory McMichael avait transmis les images du meurtre aux médias “parce qu’il pensait que cela allait l’exonérer”.
Les avocats des trois hommes ont plaidé une dernière fois un acte non intentionnel qui ne méritait pas la réclusion jusqu’à la mort. La perpétuité réelle est réservée “aux pires des pires” criminels, a affirmé l’avocate de Gregory McMichael, Laura Hogue.
“Parce qu’il était noir”
La dimension raciale de cette affaire a été sous-jacente pendant le procès. Les McMichael et leur voisin ont décidé de pourchasser Ahmaud Arbery “parce qu’il était noir et qu’il courait dans la rue”, avait affirmé Linda Dunikoski.
Le 23 février 2020, le jeune homme de 25 ans faisait un jogging quand il avait été pris en chasse par les trois hommes à bord de leurs voitures. Après une altercation, Travis McMichael avait ouvert le feu et tué le joggeur qui tentait de s’emparer de son fusil, un cas de légitime défense selon lui.
Les accusés avaient ensuite assuré avoir pris Ahmaud Arbery pour un cambrioleur, après l’avoir vu quelques jours auparavant entrer dans une maison en construction. Les trois hommes avaient aussi invoqué une loi, datant de la guerre de Sécession et abrogée après le drame, autorisant les simples citoyens à procéder à des arrestations.
Dans cet État encore profondément marqué par le racisme et la ségrégation, ils avaient bénéficié de la clémence de la justice locale, pour qui Gregory McMichael avait longtemps travaillé, et avaient été laissés en liberté.
Il avait fallu la diffusion en mai de la vidéo filmant la fin de la poursuite et la mort du jeune afro-américain pour que l’enquête soit confiée à la police de l’État et que les trois hommes soient arrêtés.
L’affaire avait alimenté les grandes manifestations antiracistes qui avaient secoué le pays à l’été 2020, dans la foulée de la mort d’un autre Afro-Américain, George Floyd, asphyxié sous le genou d’un policier blanc à Minneapolis.
Les trois condamnés n’en ont pas fini avec la justice. Ils seront jugés pour crime raciste par un tribunal fédéral à partir du 7 février.
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