« Les Olympiades »: Jacques Audiard et la « première fois » des scènes de sexe
“Paris 13e, quartier des Olympiades. Émilie (Lucie Zhang) rencontre Camille (Makita Samba) qui est attiré par Nora (Noémie Merlant) qui elle-même croise le chemin de Amber (Jehnny Beth). Trois filles et un garçon. Ils sont amis, parfois amants, souvent les deux”, énumère le synopsis du long-métrage. Le récit est librement adapté de trois nouvelles de l’auteur de bande dessinée américain Adrian Tomine avec l’aide de Céline Sciamma et Léa Mysius.
En bons trentenaires de 2021, Émilie, Camille, Nora et Amber datent sur Tinder, se draguent par écrans interposés et font l’amour. “Je compense ma frustration professionnelle par une intense activité sexuelle”, dit le personnage incarné par Makita Samba à sa nouvelle coloc pour résumer ses relations. Alors entre les joutes verbales, pour draguer ou pour s’engueuler, les scènes de sexe sont centrales.
Découvrez ci-dessous la bande-annonce du film “Les Olympiades”:
“Il y a deux moments qui interrogent vraiment la vraisemblance au cinéma: ce sont les scènes de violence et les scènes de sexe. Parce qu’on sait dans les deux cas que c’est faux. Ou alors si c’est pas faux pour les scènes de sexe, c’est qu’on est dans du porno”, avance Jacques Audiard au HuffPost. Pour sa “première fois”, le cinéaste avait à cœur de trouver “la bonne méthode” pour ses comédiens comme pour lui.
Chorégraphies en noir et blanc
“En fait, on a beaucoup dansé”, racontent Makita Samba et Lucie Zhang, “on a appris à nos corps à se connaître”. Avant de démarrer le tournage, les acteurs ont travaillé pendant près de trois mois avec plusieurs coachs, dont la chorégraphe Stéphanie Chêne. Les gestes ont été chorégraphiés, comme une danse, pour que les scènes charnelles soient les plus préparées et les plus fluides possible.
“Les corps parlent autant que les mots, et nous voulions raconter un maximum de choses à travers ces scènes d’intimité”, évoque aussi Noémie Merlant dans les notes de production. “Plus une scène de sexe est préparée comme quelque chose qui doit donner du sens, plus ça devient du travail et plus ça détend.”
J’ai fait l’expérience pour préparer ce film d’aller voir des films pornos et je mettais l’image en noir et blanc, pour voir ce que ça donnait. »Jacques Audiard
Lorsque Makita Samba et Lucie Zhang sont arrivés sur le tournage, “il n’y avait plus de pudeur, on était à l’aise avec la nudité”. “Je crois que le réalisateur et son équipe étaient plus effrayés que nous à l’idée de savoir comment filmer ces scènes”, sourit le comédien vu dans No limit ou À moi seule. Et Jacques Audiard de confirmer: “Ils ont travaillé de leur côté et lorsqu’ils avaient mis au point leur scénographie, leur chorégraphie, j’étais convoqué. C’est très difficile de ‘diriger’ ces scènes-là, je me voyais mal leur dire ‘plus vite’. Alors procéder comme cela a eu le mérite de les mettre eux à l’aise, et surtout moi aussi.”
L’esthétique noir et blanc a indéniablement aussi un rôle dans la justesse de ces scènes, parce qu’il pose une distance entre les corps et le spectateur. Si le réalisateur d’Un Prophète n’a pas principalement choisi cet effet de style pour cette raison, il vient “en partie de là”. “J’ai fait l’expérience pour préparer ce film d’aller voir des films pornos et je mettais l’image en noir et blanc, pour voir ce que ça donnait”, s’amuse-t-il à raconter. “Et quand c’est en couleur, ce n’est plus de la chaire, c’est de la viande. Le noir et blanc nettoie ça, nous met à distance.”
Comme le regard bienveillant de la caméra de Jacques Audiard a trouvé sa place, celui du spectateur le suit avec insouciance. Les Olympiades est une romance tout en noir et blanc, drôle, émouvante et qui donne une furieuse envie d’embrasser qui vous voudrez.
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