L’étude, co-réalisée par Fabienne Cazalis, chercheuse au CNRS, Élisabeth Reyes, consultante à Auticonsult, ainsi que par les cliniciens Séverine Leduc et David Gourion, porte sur un échantillon de 225 femmes françaises diagnostiquées autistes. Si des précédents travaux ont pu être effectués sur le sujet, c’est la première fois qu’une étude comprend un échantillon aussi large.
“L’idée était d’aller plus loin dans l’analyse, dans le type de violences sexuelles, ainsi que d’aller plus loin dans les stratégies mises en œuvre par les agresseurs et dans les informations concernant l’âge de la première agression, si c’était arrivé une ou plusieurs fois”, explique au HuffPost Fabienne Cazalis.
88% des participantes victimes
À ces deux questions, le pourcentage de femmes autistes victimes de violences sexuelles diffère. Si 69% des participantes ont déclaré avoir été victimes d’une forme de violence sexuelle dans le premier questionnaire, 88,4% ont en réalité rapporté des faits s’apparentant à une agression sexuelle, à une tentative de viol ou à un viol dans le second.
Fabienne Cazalis éclaire: “Pour nos deux cliniciens, demander simplement à quelqu’un s’il a subi une agression sexuelle ou non, ça ne reflète pas la réalité parce qu’il y a beaucoup de gens qui n’identifient pas que c’est une agression sexuelle”. “C’est pour ça que c’est important de poser des questions précises et qu’on a réalisé ce deuxième questionnaire”, poursuit-elle, évoquant les “mythes” et les “idées reçues” autour du viol.
Violences sexuelles à répétition
L’étude indique en effet qu’une première agression est un facteur de vulnérabilité. “C’est compliqué de comprendre les mécanismes, mais ça donne l’impression que les agresseurs – les prédateurs – repèrent. C’est comme si lorsqu’une personne a été victime, et notamment dans sa jeunesse, ça donnait un marqueur que les prédateurs repèrent”, met en avant la chargée de recherche du CNRS; et comme le rappelle l’étude, ces crimes sexuels sont le plus souvent commis par un membre de l’entourage proche.
Après ces violences, les femmes victimes, notamment de viol, souffrent pour beaucoup de stress post-traumatique, de troubles du sommeil (48%) ou de dégoût pour la sexualité (47%). Dans l’étude de Fabienne Cazalis, un tiers des victimes seulement a signalé l’agression aux autorités ou à leur entourage, parmi lesquelles 26% n’ont pas été crues.
L’autisme comme facteur de vulnérabilité
“On pourrait s’imaginer que c’est son petit ami qui a dit quelque chose et que la jeune femme, car elle est autiste, n’a pas bien compris, que c’est un problème de communication. Mais ce qui ressort de notre étude, quand on regarde les verbatim des victimes, ce qu’elles ont décrit […] c’est que ce n’est pas un malentendu, on a affaire à des ‘prédateurs’ qui ont ciblé cette personne”, relève Fabienne Cazalis. “Souvent les personnes autistes sont assez isolées socialement et pour un prédateur sexuel viser une victime qui est isolée socialement, c’est plus facile”, complète-t-elle.
Mettre l’accent sur l’autisme comme seul facteur de vulnérabilité “masque complètement la réalité universelle qui est qu’être une femme est déjà un facteur de vulnérabilité, l’autisme vient se rajouter là-dessus”, insiste Fabienne Cazalis. Si les hommes autistes peuvent par ailleurs être victimes de violences sexuelles, cela reste donc dans “des proportions très limitées”.
En plus du fait que l’étude soit ouverte à la lecture de tous, les jeux de données et le code des analyses statistiques du travail de recherche sont eux aussi en accès libre. Fabienne Cazalis invite “n’importe quelle personne qui le souhaite à faire des analyses complémentaires”.
À voir également sur Le HuffPost: “4 conseils pour armer ses enfants contre les violences sexuelles”
En savoir plus sur L'ABESTIT
Subscribe to get the latest posts sent to your email.