L’ex-directeur d’Orpea accusé d’avoir revendu ses actions, le gouvernement dit son « dégoût »
“On est là au cœur d’un système, je pense”, a commenté sur LCI la ministre ce mercredi 2 février. Elle était interrogée sur les informations du Canard enchaîné selon lesquelles l’ancien directeur général du groupe Yves Le Masne a empoché près de 590.000 euros l’été dernier en revendant des actions de la société, peu de temps après avoir appris la préparation du livre-enquête Les Fossoyeurs.
Dans cet ouvrage, le journaliste Victor Castanet a recueilli les témoignages de nombreuses personnes ayant travaillé pour le groupe Orpea et dénonçant les traitements fait aux personnes âgées dans ses établissements. Il y décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont “rationnés” par souci de rentabilité.
“Si, en plus, des personnes quittent le navire au moment où il y a des accusations, en n’acceptant pas de répondre et d’assumer des responsabilités, et au passage en se servant, là c’est grave!” s’est exclamée la ministre, évoquant son “dégoût”. Lors des révélations, le groupe a en effet chuté en bourse.
“Bien sur que nous avons été informés de cela”
Après le limogeage d’Yves Le Masne dimanche, le groupe a nommé PDG Philippe Charrier. Interrogé sur BFMTV dès mardi 1er février s’il était au courant de cette revente d’actions, ce dernier a déclaré; “C’est une question qui touche M. Yves Le Masne et qui ne touche pas la société. (…) Bien sur que nous avons été informés de cela.” Yves Le Masne a-t-il réalisé un délit d’initié? “Les autorités examineront ce cas avec l’intéressé, il a peut être des bonnes raisons que je ne connais pas, mais je ne vas certainement pas le juger à la place des autorités, a-t-il encore répondu.
Philippe Charrier était également convoqué au ministère mardi avec le directeur général pour la France Jean-Christophe Romersi pour faire le point sur les accusations qui visent le groupe. Les deux dirigeants “ne se remettent pas en question, ont l’air de dire qu’ils ont des explications pour tout, des preuves pour tout”, a déploré la ministre Brigitte Bourguignon sur LCI.
“Je leur ai bien expliqué d’abord notre colère, ma colère, mon émotion et surtout qu’ils avaient peut-être des actionnaires à rassurer, mais que moi c’est des gens, des résidents, des familles inquiètes que je dois rassurer”, a-t-elle poursuivi.
Évoquant les propositions que le gouvernement compte formuler d’ici trois semaines pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent, Brigitte Bourguignon a indiqué vouloir faire en sorte que les établissements privés lucratifs soient considérés comme des “entreprises à mission”, en vertu des dispositions de la loi Pacte de 2019. Ce statut suppose qu’un organisme tiers indépendant vérifie que l’entreprise répond aux objectifs de sa mission, en l’occurrence “le soin, la bientraitance”, selon la ministre.
Mardi, Brigitte Bourguignon, a aussi annoncé l’ouverture de deux enquêtes administratives, dont une de l’Inspection générale des finances sur le groupe Orpea.
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