L’humanitaire, de mon rêve à la réalité – BLOG
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Une fois sur place, la réalité fut un peu différente.
Difficile de comprendre ce qu’on attendait de nous
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«Une fois sur place, la réalité fut un peu différente.»
– Laura L.
La première semaine, nous avons compris le fonctionnement scolaire du village. Il y avait trois professeurs pour toute l’école. Par manque de place, certaines salles accueillaient plusieurs niveaux. Les élèves étaient très autonomes. Chacun amenait ses propres livres scolaires et étudiait la matière qu’il voulait, seul ou à deux. Au départ, nous ne savions pas dans quelle classe aller, quelles matières nous devions leur enseigner, où en étaient les élèves dans le programme…
Il était difficile de comprendre ce que les professeurs attendaient de nous. Mais je pense qu’eux non plus ne savaient pas trop quoi faire de notre présence. Les plus petits n’avaient pas encore appris l’anglais, donc lorsque nous étions avec eux, nous dessinions ou nous leur apprenions des chansons.
Chansons en français et calcul en zangskari
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Les différentes conversations que j’ai pu échanger avec les enfants m’ont beaucoup appris sur leur façon de vivre, leur culture. J’ai été marquée par l’importance du village pour eux. Les plus grands de l’école voulaient partir pour faire des études, devenir médecins, biologistes… Mais ils voulaient surtout revenir dans leur village natal après avoir obtenu leurs diplômes.
Je doute fort que nos modifications améliorent le quotidien des enfants
Nous n’avons pas participé à de vraies rénovations à l’internat, mais plutôt à des petites retouches. Nous avons déplacé un tas de sable, rebouché quelques trous, et fait une digue extérieure pour les rares fois où la pluie pointe le bout de son nez. Je doute fort que nos modifications améliorent le quotidien des enfants qui y vivent. Malgré tout, cela reste une marque concrète de notre passage dans le lieu. Les années précédentes, les travaux sur l’internat avaient été beaucoup plus importants, ils ont littéralement construit l’internat. Il y avait eu un avant et un après.
Difficultés de communication et échanges limités
Je ne pense pas que le réel problème vienne de l’association, ou du projet. Ma déception est associée au fait que la réalité de cette expérience est différente de celle dans laquelle je m’étais projetée. Notre contact sur place ne pouvait nous répondre que lorsqu’il descendait dans une ville plus en aval de l’Himalaya, pour avoir accès à internet. Ces difficultés de communication n’ont pas aidé à bien comprendre les besoins des villageois.
Plus facile de vouloir sauver le monde loin de chez nous…
Je sais que réaliser un projet solidaire est faisable, mais que cela nécessite un réel travail en amont. Idéalement, il faudrait pouvoir communiquer efficacement avec le contact sur place. Bien comprendre, aussi, ce qu’il attend de la venue des volontaires. Et surtout ne pas trop se projeter, pour vivre le moment présent sans être déçu.
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J’aimerais orienter mes études vers le domaine de l’humanitaire et je m’appuierai dessus pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Je pense qu’il faut rester assez humble quant à l’aide réelle apportée.
Nous n’avons pas besoin de partir loin pour apporter quelque chose à quelqu’un. Mais je pense qu’il est plus facile de vouloir sauver le monde loin de chez nous… plutôt que de regarder les problèmes qu’il y a en bas de notre appartement. Je n’ai offert qu’une rencontre aux villageois, mais j’ai tellement reçu de cette première expérience. J’espère que la vie m’offrira de vivre d’autres voyages solidaires.
Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.
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