Marine Le Pen lance la contre-offensive RN aux législatives 2022
L’occasion pour la formation lepéniste de se relancer dans cette campagne des élections législatives où elle peine à imprimer, à la différence de la NUPES de Jean-Luc Mélenchon qui, en plus d’attirer l’attention médiatique, observe une réelle dynamique dans les sondages, comme le montre notre compilateur ci-dessous.
À une semaine du premier tour, le RN entend profiter du fiasco de la finale de Ligue des Champions au Stade de France pour relancer la machine. Une polémique qui permet à Jordan Bardella et Marine Le Pen de laisser tomber leurs éléments de langage sur la NUPES qui voudrait “transformer l’Assemblée nationale en ZAD, avec les défenseurs des ‘Black Bloc’, du burkini, ceux qui veulent désarmer la police”, au profit d’un retour aux classiques “immigration” et “insécurité”, plus mobilisateurs sur le plan électoral.
Faux pas en séries
D’autant qu’il est urgent de montrer un autre visage pour le parti à la flamme, dont plusieurs candidats à la députation ont dévoilé leurs lacunes au grand jour, à l’image des prestations télévisuelles laborieuses de Mélanie Fortier et Sophie Carnicer, toutes les deux en difficultés, même pour parler d’immigration. Soit le retour du procès en amateurisme, que les profils de certaines investitures alimentent volontiers. Comme Le HuffPost l’a montré, le parti de Marine Le Pen a encore investi des candidats qui affichaient, sur leurs réseaux sociaux publics, des caricatures à caractère raciste ou antisémite. Le RN a été obligé de débrancher en urgence une candidate RN, épinglée par Quotidien pour des propos haineux pouvant tomber sous le coup de la loi.
Des faux pas en série auxquels s’ajoutent des critiques internes au sujet d’une campagne modeste, quand Jean-Luc Mélenchon démarrait au quart de tour. “C’est vrai qu’on est déçu, on ne voit pas vraiment de stratégie. On ne sent pas vraiment d’envie de sa part. Elle a l’air un peu ailleurs en ce moment. Je crois qu’elle digère encore la défaite de la présidentielle”, grinçait lundi 30 mai auprès de BFMTV un lieutenant de la finaliste à la présidentielle.
Un retard à l’allumage que conteste Julien Odoul, porte-parole du Rassemblement national et candidat dans son département de l’Yonne. “Il fallait laisser un peu de temps après la présidentielle, mais on constate aujourd’hui que le rythme est le bon et que la stratégie était pertinente. Jordan Bardella est à la fois très présent dans les médias et dans les territoires. C’est ce qu’il fallait faire, Marine Le Pen termine en trombe”, démine auprès du HuffPost le président du groupe RN au Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté.
“Le RN va perdre 60% de ses électeurs”
“En trombe”, c’est le cas de le dire. Parce qu’en quelques jours, la députée du Pas-de-Calais est passée de la volonté d’avoir un groupe (dont le seuil est à 15 députés) à l’ambition de 60 élus au Palais Bourbon pour finalement viser plus du double au soir du 19 juin. “Nous sommes arrivés en tête au second tour de la présidentielle dans 150 circonscriptions, nous avons donc potentiellement la capacité de faire élire 150 députés”, s’est enflammée Marine Le Pen depuis le Pas-de-Calais. Du bluff au regard des projections qui anticipent plutôt une petite quarantaine d’élus RN, et dans le meilleur des cas.
Au-delà de l’arithmétique, les élections législatives sont toujours compliquées pour le RN. Outre l’effet barrage qui joue souvent en sa défaveur, la formation d’extrême droite est celle qui pâtit le plus de l’abstention. “Le RN va perdre 60% de ses électeurs” par rapport au premier tour de la présidentielle, prédit au HuffPost un ancien cadre du parti lepéniste passé chez Reconquête!, énumérant les éléments qui, selon lui, conduiront à une démobilisation: “l’ambiance sortie de défaite, la sociologie de l’électorat et la disparition du vote utile dont Marine Le Pen a bénéficié”.
Une analyse largement partagée au sein des troupes d’Éric Zemmour, où l’on accuse la “boutique frontiste” de “préférer avoir 10 députés plutôt que de faire alliance avec Reconquête!”. Ce qui expliquerait à la fois la campagne timide du RN et l’énergie déployée à venir guerroyer sur les terres convoitées par l’ancien journaliste. Car après la 4e circonscription du Var, où Éric Zemmour est candidat, Jordan Bardella sera ce samedi à Cavaillon. Une commune qui se trouve dans la 2e circonscription du Vaucluse briguée par le jeune Stanislas Rigault, président de la Génération Z et porte-parole de Reconquête!. Avec pour suppléante une certaine… Marion Maréchal.
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