Mon Erasmus sans argent, ça n’est pas « L’auberge espagnole » – BLOG
J’ai quitté tout ce qui depuis des années constituait ma vie, pour partir en Erasmus. On pense toujours aux fêtes et aux histoires d’amour internationales qu’on voit dans les films. Seulement voilà, devenir soudainement autonome et refaire sa vie loin de sa famille et de ses amis n’est pas si facile.
Âgée d’à peine 20 ans et étudiante en langues, je me suis installée à Birmingham en Angleterre pour un an. Un échange finalement écourté par le Covid. Cette destination était mon premier choix, étant fan de l’anglais et ne souhaitant pas me ruiner d’un coup en partant trop loin. Ma première expérience loin de chez moi.
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En Erasmus, mon porte-monnaie n’a pas pu suivre
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Les élèves locaux ne cherchaient pas à se faire des amis qui ne faisaient que passer. Je me suis alors rapprochée d’un petit groupe d’étudiants australiens. Malheureusement, j’ai très vite compris qu’on n’avait pas grand chose en commun. Ils passaient leur temps à boire, faire la fête et aller en boîte. Ce n’est pas trop mon truc. En plus, comme ils venaient de loin, à plusieurs occasions, ils sont partis visiter des villes européennes ensemble. Je les ai suivis quelquefois mais, très vite, mon porte-monnaie n’a pas pu suivre. Chaque voyage ne coûtait pas moins de 100 euros. Ces voyages à Copenhague, Paris, Édimbourg, et bien d’autres villes les ont rapprochés et m’ont mise à l’écart.
Mon porte-monnaie en a pris un coup, autant que mon moral
Je les ai donc suivis dans leur délire, de peur de me retrouver complètement seule, et évidemment, mon porte-monnaie en a pris autant un coup que mon moral. L’aspect financier fut un facteur de privation et un véritable frein à ma prise d’autonomie et de sociabilisation. Mes parents me soutenaient financièrement car je ne pouvais pas trouver un job étudiant dans un pays étranger. Demander un visa de travail aurait été un véritable cauchemar administratif et une dépense en plus. Je n’aurais d’ailleurs pas eu la garantie de l’obtenir, presque impossible pour les étudiants Erasmus présents sur le territoire pour un an.
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Ma mère intermittente du spectacle et mon père avec sa petite retraite m’ont soutenue comme ils ont pu. Ma mère payait mon loyer et mon père me donnait entre 250 et 300 euros pour mes courses et pour quelques sorties comme le cinéma. Ils voulaient que je puisse profiter, mais je me suis sentie coupable toute l’année. Dans ma famille, on a toujours fait attention à ce qu’on dépensait. Ma mère a déjà du mal à boucler les fins de mois. Que mes parents dépensent autant pour moi m’a rendue soucieuse de leurs besoins.
Pas de super souvenirs de soirée, pas d’amitiés à vie, pas d’histoire d’amour
Je vivais avec des gens que je croisais peu et qui n’avaient pas du tout la même éducation que moi, que ce soit concernant la propreté (j’ai fini par faire le ménage toute seule) ou le bruit. Je n’ai donc pas été aidée du fait d’être en “coloc”. Ça en a même rajouté en termes de charge mentale et de négativité. Intellectuellement, l’année a été intéressante mais je n’avais que quelques heures de cours par semaine, ce qui a renforcé mon sentiment de solitude.
Je m’attendais à un Erasmus comme dans “L’auberge espagnole”
Mon année a fini par s’achever dans le chaos et la panique de la crise sanitaire et je suis rentrée en France plus tôt que prévu. J’ai retrouvé ma famille, mes amies, et un poids s’est levé de mes épaules.
Pendant son année d’Erasmus en Grèce, Maëlle s’est conscientisée politiquement. Vivant dans un quartier anarchiste d’Athènes, elle n’avait jamais été autant confrontée à la précarité… et à la solidarité.
En quittant la France, je m’attendais à vivre une expérience comme dans L’Auberge espagnole, mais je n’en garde pas de super souvenirs de soirée, pas d’amitiés à vie, pas d’histoire d’amour. Vivre seule, repartir de zéro, n’est pas aussi facile que dans les films, surtout à l’étranger dans un cadre que l’on ne connaît pas. Cette année à l’étranger a plutôt été une épreuve. Une prise d’indépendance qui a engendré une sacrée charge mentale.
Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.
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