NEPTUNE FROST
La séance du lundi 15 mai à 20h sera présentée par l’association Rainbow Screen, dans le cadre de ses projections mensuelles dans son réseau de salles partenaires et de la Semaine
Contre l’Homophobie. Elle sera suivie d’une discussion animée par Caroline Barbarit.
Anisia UZEYMAN et Saul WILLIAMS – Rwanda / Burundi 2021 1h45 VOSTF – avec Cheryl Isheja, Elvis Ngabo, Kaya Free, Diogène Ntarindwa… Scénario et musique de Saul Williams.
Du 10/05/23 au 30/05/23
Neptune Frost : fuck Google !
Coproduction entre le Rwanda et le Burundi, ce film musical totalement hors normes réalisé par le musicien et artiste américain Saul Williams et la comédienne et dramaturge franco-rwandaise Anisia Uzeyman mène tambour battant une fantaisie poétique et engagée. Les deux artistes proposent un film qui vaut clairement le détour, portant non sans audace les couleurs d’une scène artistique africaine qui entend bien dire son mot face à l’ordre technologique prédateur et néocolonial des géants du web.
Dans les mines de coltan d’une Afrique rurale, de jeunes hommes arrachent à la terre, bien souvent au prix de leur propre vie, ce minerai vital à la production de composants électroniques utilisés à l’intérieur de tous les smartphones. Après la mort de son frère, Matalusa, un de ces jeunes mineurs, forme un collectif de cyber-pirates anticolonialistes. Contraint de prendre la fuite, il rencontre dans les collines Neptune, hacker/hackeuse intersexe. Les deux exilés se découvrent une connexion flamboyante, transcendant l’humain. De leur relation naît une révolution internationale, un renversement des tables avec lequel ces prophètes d’un nouvel âge entendent bien rappeler au monde que l’internet naît entre les mains des Africains exploités par l’ordre politique néocolonial.
Si Neptune Frost ne plaira sans doute pas à tout le monde, impossible ne pas être captivé par sa nouveauté radicale, livrant au spectateur une fantaisie musicale et poétique pariant tout sur sa créativité, son audace et son enthousiasme.
Issu d’une production autofinancée, tourné avec les moyens du bord dans des décors rwandais, le film peut se targuer d’une richesse visuelle frappante dans son originalité et son expressivité. Des costumes créés à partir de matériel de récupération aux textures variées et aux couleurs bigarrées, en passant par des effets spéciaux étonnants et des décors saisissants entre minéral, végétal et électronique, Neptune Frost n’a pas peur de son exubérance et fait de son esthétique foisonnante un atout indéniable. Une profusion esthétique complétée par une bande-son hypnotique, entre tambours et sampling, chœurs harmoniques et grésillements discordants. Le parti pris d’une narration libre touchant à l’ésotérisme et au techno-mysticisme, partagée entre afro-futurisme et discours révolutionnaire, peut poser un défi à la compréhension immédiate, mais là n’est pas le cœur du film. Car avec leurs jeux constants sur les sensations et le verbe, Anisia Uzeyman et Saul Williams cherchent avant tout à embarquer le public dans une expérience totale, sensorielle et un peu magique… Musical autant que visuel, poétique autant que rêveur, Neptune Frost est une proposition follement audacieuse qui force l’admiration de par ses choix sans compromis et sa poésie inflexible.
(movierama.fr)
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