Nous avons dû traverser la vallée de la Roya à pied pendant la pire catastrophe naturelle de l’année – BLOG
Jeudi 1er octobre: la tempête approche
Samedi 3 octobre: le Rio Seco gronde
Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!
Dimanche 4 octobre: la vallée de la Roya coupée du monde
Par miracle, la télévision ressuscite en fin d’après-midi. Les informations ne nous apprennent rien de plus, mais ce soir, une chaîne passe “Very Bad Trip”. Ce grand film d’auteur riche d’enseignements (je plaisante) ne serait-il pas une allégorie géniale de la situation que la vallée de la Roya, et plus largement l’humanité, vit actuellement? “Very Bad Trip 2”, c’est “Very Bad Trip 1″ mais dans une autre ville (quand on est assis sur une mine d’or, pourquoi faire du neuf?). Pour 3 amis, les mêmes erreurs qu’à Las Vegas mènent aux mêmes conséquences à Bangkok. Un matin, abasourdis, ils se demandent ce qu’ils ont bien pu faire pour être aussi mal embarqués. Dans la journée, ils réalisent petit à petit leurs folies de la nuit et manquent d’en payer cher les conséquences (perte de vue d’un ami, coups de feu, etc.). Puis tout se finit bien, car ils peuvent se rendre au mariage de leur ami malgré quelques stigmates de leur aventure (tatouages, blessures, etc.).
Lundi 5 octobre: la réalité de la vallée engloutie
Certes le contexte est pesant ; certes la vue des infrastructures complètement démembrées en contrebas fait froid dans le dos; certes il y a une dizaine de disparus dans la vallée… mais je dois bien avouer que je profite néanmoins de la situation exceptionnelle du chemin de fer, entre viaducs au cœur des gorges et tunnels dans le noir complet. À quoi ça servirait de marcher tête baissée, appareil photo rangé dans le sac? D’ailleurs, les employés d’EDF, les pompiers ou les habitants croisés sur cette unique ligne de vie reliant les villages de la vallée semblent au contraire curieux, amusés, voire fiers de notre présence ici. Suspendus plus de 100 mètres au-dessus de la rivière, entre ciel et montagne, les âmes présentes sur le chemin de fer s’élèvent quelques instants loin du chaos en contrebas, s’offrent un répit de courte durée avant de replonger dans la dure réalité de leur vallée engloutie par la tempête Alex.
À 15h, c’est à Breil-sur-Roya que nous revenons sur Terre. Les hélicoptères en vol de la Gendarmerie, de l’Armée, de la Sécurité Civile et de la télé impriment une atmosphère de guerre. Uniques relais avec l’extérieur de la vallée, ces inventions géniales m’évoquent des libellules géantes de vie. S’il y a bien deux technologies à conserver dans l’Anthropocène, ce sont bien l’hélicoptère et le train! Au moment de gagner la route qui monte vers le col de Brouis (seul accès en état ce lundi pour quitter Breil-sur-Roya), nous nous retournons une dernière fois sur cette vallée splendide. Nous n’avons pas voulu rentrer dans la vieille ville, plus bas, par crainte de ce que nous y verrons. Les habitants croisés sur le chemin de fer nous ont prévenus: ”à Breil-sur-Roya, c’est dur pour les yeux”. Clairement, aujourd’hui, l’avenir de la vallée de la Roya se pose avec inquiétude… et au-delà du délai de remise en état et du choc psychologique, c’est bien la crainte de devoir quitter leur vallée pour de bon qui habite les habitants. Quand on se dit que, en raison de l’inertie climatique, les crues ont toutes les raisons d’être encore plus violentes en 2050, on ne peut que partager leur peur.
Pour aller plus loin:
Profitant d’un temps d’inactivité à cause du Covid, Justine et Maxime se sont lancés dans une aventure où la nature a toute sa place. Entre le 12 juillet et le 7 octobre, ils ont traversé la France à pied, “pour renouer un contact sensible avec le vivant qui peuple ses terres rurales et sauvages”.
De Hendaye à Menton, afin de relier les frontières Atlantique-Espagne et Méditerranée-Italie, ils ont privilégié les zones rurales et les parcs naturels propices à la marche. Pics et canyons des Pyrénées, steppes et gorges des causses du Massif Central, crêtes et forêts des Préalpes, pâturages et cols des Alpes du Sud… peu de régions dans le monde rivalisent avec la diversité, la densité et la beauté des paysages du quart Sud de notre petit hexagone.
Vous pouvez revivre leur pérégrination à travers des photos et le récit de la traversée grâce au blog hébergé sur leur site internet dédié à la nature et au voyage: www.max-de-nature.fr/traversée-france
Bon voyage en leur compagnie!
À voir également sur Le HuffPost: Dans les Alpes-Maritimes, ces images avant/après montrent l’ampleur des destructions
Laisser un commentaire