Olivia de Havilland et Joan Fontaine, les sœurs ennemies de Hollywood
Et elles ne s’en cachaient pas! Dans différentes interviews, elles se confient sur cette relation si particulière. “Lorsque je suis née au Japon, mon arrivée n’a pas été correctement annoncée. “Tu vas avoir une petite sœur pour jouer avec”. Ce n’est jamais arrivé. Elle avait 15 mois quand je suis née. Assez pour me considérer comme une intrus et ruiner sa vie. Et c’est ce que je fais depuis”, en rigolait Joan Fontaine en 1989 dans une interview donnée à la télévision espagnole, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
Comment les deux soeurs en sont-elles arrivées là? Pour comprendre, il faut remonter à l’enfance. Olivia de Havilland et Joan Fontaine n’ont que 15 mois de différence. “Quand je suis née, ma soeur Olivia était encore trop jeune pour accepter l’arrivée d’un être avec qui il faudrait partager l’affection de ses parents”, se confie Joan Fontaine dans son autobiographie “No bed of roses”. L’arrivée d’un second enfant n’est pas toujours apprécié par les plus vieux. Pour Freud, “l’aîné apprécie exactement le tort que va lui faire le petit étranger.” Un sentiment de jalousie qui s’installe petit à petit et qui va perdurer tout au long de leur vie.
L’enfant trophée ou les effets d’un favoritisme
Leur mère voit en Olivia le moyen d’assouvir son rêve, celui de devenir une star d’Hollywood. “Dans notre famille voyez-vous, Olivia était toujours celle qui ramenait les lauriers à la maison, tandis que moi, j’étais la sans talent, la petite soeur bonne à pas grand chose”, avouait Joan Fontaine en 1949, dans une interview. Pourtant, elle aussi rêve de paillettes mais on ne l’encourage pas autant que sa soeur.
Dès lors, Joan Fontaine s’exile un temps chez son père au Japon pour ne plus subir ce favoritisme. Ces différences de traitement “laissent des traces durables. La façon dont nous sommes regardés nous constitue, elle touche à l’identité intime. L’enfant préféré en tire grand bénéfice. Le regard du parent qui croit en lui, qui le désigne comme le meilleur, lui donne une solide estime de lui-même”, indique Catherine Sellenet, professeur en sciences de l’éducation, psychologue clinicienne et sociologue au Monde. L’autre enfant subit peut-être moins de pression, mais doit vivre avec le fait qu’il n’est pas le préféré de ses parents. “La souffrance de celui qui n’a pas été préféré peut être une vraie blessure narcissique. […] En tentant désespérément d’attirer les regards sur eux, certains enfants ont finalement des trajectoires exceptionnelles, notamment scolaires. Ils bénéficient en tous cas d’une liberté plus grande dans la réalisation d’eux-mêmes.”
Une rivalité professionnelle
En 1942, la jalousie reprend le dessus sur leur relation alors qu’elles sont toutes les deux en lice pour l’Oscar de la meilleure actrice. C’est Joan Fontaine qui le remporte. 5 ans plus tard, c’est Olivia qui l’obtient. La rumeur dira qu’elle n’a prêté aucune attention aux félicitations de sa soeur.
Dans une fratrie, le sentiment de jalousie est présent et c’est normal. Mais pour Virginie Megglé, psychanalyste spécialisée dans les dépendances affectives et les troubles de l’enfance et de l’adolescence, “on a tout intérêt à en prendre conscience pour ne plus se laisser torturer par elle. C’est parce qu’on l’aura acceptée comme faisant partie de notre humaine nature que l’on pourra mieux en venir à bout, éviter qu’elle n’envenime plus encore la relation et soigner les bleus à l’âme qu’elle engendre.” Elle précise également qu’“un rien suffit à réactualiser des blessures enfantines en lien avec cette relation. Le souvenir des événements qui les ont occasionnées reste vivace.”
Le point de non-retour est atteint en 1975. Les médecins diagnostiquent un cancer à Lilian Fontaine. Elle se fait opérer et décède pendant l’intervention. Olivia de Havilland prévient sa soeur qui est alors en tournée théâtrale. Elle ne reçoit pas le message à temps et n’assiste pas à l’enterrement de sa mère. Depuis cette date, elles ne se sont jamais reparlé jusqu’en 2013, à la mort de Joan Fontaine.
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