Pauline Déroulède raconte son accident et sa reconstruction
Pauline Déroulède a réappris à vivre sans sa jambe
Pour Brut, la joueuse de tennis paralympique revient sur l’acceptation de son nouveau corps et de sa renaissance par le sport.
« C’est un samedi comme les autres. C’est le week-end, il fait beau. Je suis avec ma copine Tiphaine et on décide d’acheter des fleurs pour la soirée car elle allait me présenter son frère. Je décide de m’arrêter à un fleuriste juste à côté de chez nous. Je reste garée sur mon scooter, je mets la béquille et je l’attends. Je la perds de vue et ça m’inquiète. Je m’apprête à lui envoyer un message pour lui demander où elle est », se souvient Pauline Déroulède.
À ce moment-là, c’est le trou noir. « Le souvenir d’après, c’est moi au sol, 50 mètres plus loin, sur des pavés, les bras en croix. Je reprends tout de suite connaissance. Je regarde le ciel et je hurle très fort. Je m’aperçois que ma jambe est arrachée. Là, dans ma tête, ça va très, très vite. Je me dis tout de vite que c’est fini. La Pauline d’avant, elle est morte » Pour Brut, Pauline Déroulède raconte comment elle a repris goût à la vie après ce terrible accident.
« Une des premières phrases que j’ai dites en salle de réveil, c’est : ‘’Je vais faire les Jeux paralympiques’’ »
Je me retrouve hospitalisée à l’hôpital militaire de Percy. La jambe arrachée, c’est une blessure de guerre. J’ai été prise en charge très rapidement, emmenée au bloc. Une des premières phrases que j’ai dites en salle de réveil, c’est : « Je vais faire les Jeux paralympiques. » Ça a tout de suite été présent dans ma tête. Je ne savais pas encore dans quel sport, mais ça a vite été l’objectif que je me suis fixé pour tenir le coup et aller le plus loin possible.
Ça a basculé en mode machine de guerre. On passe par toutes les phases imaginables. Les premières semaines, je vais être très honnête, je n’avais plus envie d’être là. Je n’avais plus envie d’être en vie dans cet état-là parce que je ne m’appropriais plus ce corps. Je trouvais ça moche, je ne trouvais pas ça féminin. Et même par rapport à ma compagne, je me disais : « Mais comment elle peut me trouver encore belle, m’aimer comme ça ? »
« Je ne pense pas que la prothèse soit un jour ma jambe »
Cette prothèse, pour le moment, c’est encore trop récent pour dire que c’est ma jambe. Je ne parle jamais de ma prothèse comme de ma jambe. C’est une extension de moi que je peux plus ou moins ressentir, contrôler, mais ce n’est pas encore ma jambe. Et je ne pense pas que ça le soit un jour, malheureusement. Portée par l’entourage, par l’amour que me portait Tiphaine, j’ai décidé de survivre, de continuer à vivre pour elle, pour mes proches. Mais au début, je ne le faisais pas pour moi.
Aujourd’hui, je ne peux plus être assistante réalisatrice comme je l’étais avant, parce que c’est un métier qui demande d’être debout pendant des heures, de courir partout. On est le chef d’orchestre d’une émission, il faut être sur tous les fronts. Même si j’ai une prothèse, ça ne me permet pas de tenir sur la durée autant d’heures de travail debout. Je ne peux plus physiquement faire ce métier, et ça, c’est très douloureux. C’est pour ça que je me suis mise à fond dans le sport, pour essayer de transformer cette frustration.
Laisser un commentaire