Pénurie de médicaments : quand Big Pharma influence les pouvoirs publics

“Nous sommes en gestion de pénurie permanente”, déplore un pharmacien préparateur au CHU de Besançon. Au centre hospitalier de la capitale comtoise, comme partout ailleurs en France, les pénuries de médicaments ne cessent de s’aggraver. En ce début d’année 2023, plus de 300 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur – c’est-à-dire pour lesquels une interruption de traitement peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital – sont en rupture de stock selon l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ASNM). Un chiffre dix fois plus élevé qu’en 2017. La France, patrie de Pasteur et des vaccins, manque d’anti-infectieux, d’anticancéreux mais aussi de traitement du système nerveux.
Une mission gangrenée par les lobbys des Big Pharma
Pour faire face à ces pénuries, une mission interministérielle devait réunir “les acteurs concernés par les pénuries de médicaments” nous assurait-on du côté de Matignon début décembre. Par “acteurs concernés”, on s’attendait logiquement à ce que les laboratoires pharmaceutiques mais aussi les fédérations hospitalières, les pharmaciens, ou encore les associations de défense des malades, soient réunis autour de la table pour proposer des pistes de réflexions. Il n’en est rien.
Nous dévoilons dans cette enquête que cette mission, rassemblant “six personnalités, toutes reconnues pour leurs expertises”, est en réalité cornaquée par des représentants d’intérêts plus ou moins proches des laboratoires pharmaceutiques.
Comme le rappelait le Canard Enchaîné début février, on y retrouve Frédéric Collet, ex-président du Leem, le principal lobby des laboratoires pharmaceutiques mais aussi directeur jusqu’en mai 2022 de… Novartis France.
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