“Il a invité tous ceux qui ont une signature à donner, même des gens de la France insoumise”, assure un cadre du RN local, rappelant que l’essayiste est toujours en quête de parrainages pour valider sa candidature à l’élection présidentielle. Pour Guillaume Origoni, contributeur occasionnel à la Fondation Jean-Jaurès et passionné de la vie sociale et politique locale, le candidat putatif devrait y trouver quelques oreilles attentives. “Il existe toute une partie de la droite locale qui a toujours fricoté avec les idées d’Éric Zemmour. Marseille est une ville où l’extrême droite est bien implantée depuis longtemps. Il ne faut pas oublier que c’est ici que Jean-Claude Gaudin avait scellé un accord avec le Front national en 1986”, poursuit notre interlocuteur.
Un effet “laboratoire”
Au-delà de ces prises de contacts opportunes et des cartes postales provençales qu’Éric Zemmour compte envoyer depuis le Vieux-Port, Marseille a bien pris une place centrale dans cette campagne présidentielle. Plus que Lyon par exemple, où la saga des Daltons offre pourtant quasi-quotidiennement son lot de polémiques sur fond de débats sécuritaires.
”Ça a commencé avec la visite d’Emmanuel Macron au mois de septembre. Avec un cadrage médiatique inédit: toutes les chaînes d’informations sont restées plusieurs jours sur place, pendant qu’en plateau ça débitait de la ’marseillologie’ aussi approximative que décomplexée”, observe le politiste marseillais Nicolas Maisetti. Une séquence qui, selon lui, a installé la préfecture des Bouches-du-Rhône en “capitale politique” du pays.
“Avec cette idée de laboratoire, nourrie par un effet loupe, selon laquelle tous les problèmes de la France (le logement, la sécurité, la pauvreté, la question métropolitaine, la corruption, etc.) sont concentrés ici, et qu’il faudrait donc en tirer des conclusions nationales”, poursuit le chercheur, qui déplore une “instrumentalisation politique” des difficultés propres à Marseille.
Une approche “paradoxale”, puisqu’elle reviendrait à “convertir des spécificités locales en généralités nationales”. Ce dont ne se prive pas Éric Zemmour. “Trafics, criminalité, immigration, insécurité: Marseille est un concentré de tout ce qui nous tue”, a d’ailleurs prévenu le polémiste en annonçant ce déplacement. ”C’est évident qu’il va profiter de ce déplacement pour faire porter le poids des échecs de la ville aux minorités”, prévient Guillaume Origoni.
“Qui peut le plus peut le moins”
Député LREM de Marseille, Saïd Ahamada ne renie pas l’aspect “laboratoire” que peut constituer la ville, “où on a expérimenté tout ce qu’il ne fallait pas faire, et où on veut maintenant tester des solutions pour rendre à la ville le statut qu’elle mérite, celui de ville-monde”. Pour cet élu des quartiers Nord, “si on arrive à régler les problèmes de Marseille, on réussira dans d’autres territoires qui souffrent”.
D’où cette focalisation sur la situation phocéenne, qui porterait en elle les germes des solutions à appliquer ailleurs, notamment en Seine-Saint-Denis ou en Guadeloupe, où les fractures sont aussi très profondes. “Qui peut le plus, peut le moins”, insiste le parlementaire, heureux de voir Marseille -“qui ne laisse personne indifférent”- autant attirer l’attention en cette pré-campagne présidentielle.
Preuve de sa capacité à attirer la lumière politico-médiatique, Emmanuel Macron a d’ores et déjà prévu d’y revenir au mois de février. Officiellement pour suivre les chantiers lancés avec le maire de la ville, Benoît Payan. “Au-delà de son attachement à l’OM, il conserve une attention particulière pour Marseille”, assure Saïd Ahamada, en omettant de mentionner un détail loin d’être anodin: le retour du chef de l’État sur la Canebière se fera à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle. Et d’ici là, il aura peut-être annoncé sa candidature.
À voir également sur Le HuffPost: Macron à Marseille, “insupportablement monarchique” pour Mélenchon
En savoir plus sur L'ABESTIT
Subscribe to get the latest posts sent to your email.