Pourquoi la décision d’Emmanuel Macron pour la restauration de Notre-Dame de Paris n’est pas la bonne
Selon le grand architecte français et spécialiste des restaurations, Viollet-Le-Duc (1814-1879), qui fut le dernier restaurateur de Notre-Dame de Paris et qui a conçu le pinacle, la logique de la conception d’un projet doit être comprise, épuisée. L’architecte a cherché à reconstituer ce qui aurait été fait si, au moment de la construction, ils avaient la connaissance et l’expérience de l’époque elle-même; ce serait la refonte idéale d’un projet. Conserver le même style et la même pureté, mais en utilisant la technologie actuelle de chaque période. Pour bien comprendre l’histoire du monument, le système de conception et sa construction sont des étapes fondamentales pour concevoir un modèle idéal.
Dans cette perspective, Viollet-Le-Duc a formulé le postulat suivant: “Restaurer un bâtiment, ce n’est pas le maintenir, le réparer ou le refaire, c’est le restaurer dans un état qui n’a peut-être jamais existé à un moment donné”.
Ce n’est pas la première fois que Notre-Dame de Paris est restaurée et ce ne sera pas la dernière. Au cours de ses huit siècles d’histoire, la cathédrale Notre-Dame de Paris a été rénovée à plusieurs reprises, la plus importante étant au milieu du XIXe siècle. Au fil des ans, les arcs-boutants, dont la rosette sud et les statues, ont été remplacés et les chapelles ont été rénovées. Dans le passé, Viollet-Le-Duc a reconstruit la flèche et inclus les 54 chimères, que les gens trouvaient si bonnes qu’elles semblaient “originales” et partie intégrante du projet du XIIe siècle.
Et, réfléchissant à cela, je demande: Qu’est-ce qui est original? Peut-on dire qu’un pinacle et ses 54 chimères placées par Viollet au XIXe siècle sont originaux?
John Ruskin (1819-1900), écrivain, poète, critique d’art, dans sa définition de la restauration du patrimoine historique, a considéré la véritable destruction de ce qui peut être sauvé: “Il vaut mieux un matériau brut, mais qui raconte une histoire, qu’un travail riche et dénué de sens. La plus grande gloire d’un bâtiment ne dépend pas de sa pierre ou de son or, mais du fait qu’il est lié au sentiment profond d’une expression”.
“Une expression ne peut pas être reproduite, car les idées sont nombreuses et de nombreuses conclusions seraient tirées.”
“La restauration est la destruction la plus totale qu’un bâtiment puisse subir, car elle représente la destruction du monument accompagnée de sa fausse description. Il est impossible de restaurer quoi que ce soit qui a déjà été génial. L’esprit de l’artisan mort ne peut être invoqué.”
″Élever une imitation ordinaire, aussi prudente soit-elle, sera toujours une imitation”.
“Nous devons construire de nouveaux monuments, produire une architecture lumineuse, nous devons incarner l’artisan.”
Appliquer la théorie de John Ruskin à Notre-Dame de Paris, la restaurer exactement à l’image de ce qu’elle était à l’époque de Viollet-Le-Duc serait réaliser une œuvre sans âme, une copie, une fausse flèche de Viollet.
La flèche originale de Viollet n’existera jamais, même s’il l’a rendue exactement la même! Il n’a pas d’âme, c’est juste une copie. Et pourquoi faire cela, même si Viollet lui-même ne le ferait pas? Pourquoi devrions-nous manquer cette chance de montrer notre capacité à faire quelque chose de grand, de nouveau, avec respect, en conservant les mêmes caractéristiques gothiques, mais avec les matériaux et la technologie de notre temps?
On pourrait considérer que le toit en vitrail, le plus grand élément gothique, n’a pas été réalisé au moment de sa construction, en raison du manque de technologie et, s’il était fait aujourd’hui, Notre-Dame ne serait plus une copie de la restauration passée, mais serait à la fois authentique, améliorée et plus appréciée que jamais. Des millions de personnes voudront visiter la Nouvelle Notre-Dame de Paris, hors de l’obscurité, prête, plus que jamais, à illuminer à nouveau le monde!
Quelle émotion cela représenterait-il que l’union de plusieurs artisans du vitrail de France et du monde, travaillant à la construction d’un nouveau toit en vitrail? Combien d’emplois seraient créés? Combien de studios participeraient? Ce serait une union planétaire jamais vue auparavant.
L’architecte chargé de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Philippe Villeneuve, défend la reconstruction de manière similaire à celle de Viollet. Une position contraire à la volonté exprimée par le président français Emmanuel Macron, qui avait déclaré vouloir “une reconstruction inventive”, faisant allusion à la liberté de création qu’employait Viollet-Le-Duc et qui aboutit à une “alliance entre tradition et modernité, une audace respectueuse”.
Philippe Villeneuve dit: “Non seulement il faut refaire la flèche, mais il faut la refaire de façon identique précisément pour qu’elle ne soit pas datable”. Cette idée est exactement à l’opposé des idées de John Ruskin et Viollet-Le-Duc.
Je comprends l’inquiétude de Villeneuve, respectable, cependant, nous devons croire que nous pouvons faire quelque chose de mieux, quelque chose de grand et pas une simple réplique d’une restauration du XIXe siècle. Oui, nous devons à ce jour assumer et accepter la tragédie qui s’est produite à Notre-Dame, car cela fait déjà partie de son histoire. Nous devons la restaurer avec toutes ses caractéristiques gothiques, non seulement de Viollet-Le-Duc, mais de plusieurs architectes qui ont travaillé à sa construction.
Nous devons assumer la tragédie, c’est pourquoi je propose également de construire un mémorial du feu dans le jardin de la cathédrale. Un mémorial en bois brûlé et briques centenaires tombées des voûtes, formant une pergola en forme de nef, recouverte de roses blanches et rouges, qui signifient dans la religion catholique, la Vierge Marie en blanc et l’amour profond qui résiste au temps et survit aux obstacles. Une destination spirituelle et sacrée pour une partie des matériaux brûlés, créant ainsi un autre bel endroit touristique d’amour et de respect pour Notre-Dame de Paris.
La plus grande qualité de Notre-Dame de Paris, ce sont ses transformations dans le temps, sa résistance, ses adaptations, ses différences stylistiques actuelles.
La flèche de Notre-Dame de Paris n’a pas autant d’histoire que la cathédrale et ses huit siècles d’existence. C’était la “cerise” au sommet de la restauration de Viollet, qui a commencé en 1844 et s’est terminée en 1860. Bien qu’entre 1250 et la fin du XVIIIe siècle, il y ait eu une première structure de flèche dont il y avait peu d’illustrations, qui a été démontée entre 1786 et 1792 et, qui reviendra en 1844 avec Viollet-Le-Duc.
Philippe Villeneuve cite la Charte de Venise, un traité historique international de 1964, qui exige que les monuments historiques soient restaurés dans leur dernier état connu.
La lettre est basée sur le respect de l’histoire physique du bien en question et de ses matériaux et éléments d’origine, visant une conservation maximale, le principe d’une intervention minimale et harmonieuse par rapport au témoignage original. Cependant, la lettre indiquait également que l’obtention de l’unité stylistique n’était pas l’objet de la restauration, en respectant les différents changements esthétiques que la propriété a subis tout au long de son existence, à condition que ces changements aient acquis de l’importance et de l’acceptation dans une certaine période de cette évolution.
En d’autres termes, dans le cas de Notre-Dame de Paris, la restauration selon la période fait partie de son histoire et c’est là où elle puise ses caractéristiques uniques. Cette évolution au fil des ans est la plus grande valeur de la cathédrale.
“La Couronne Divine” est un projet qui applique les théories de Viollet-Le-Duc, John Ruskin et même la Charte de Venise. C’est un projet qui, pour l’équipe impliquée, peut être détaillé et amélioré dans tous ses détails gothiques, depuis les portes pivotantes de la flèche, le trottoir suspendu, les systèmes de construction hybrides (métalliques et bois), l’application de verre manufacturé par le célèbre Saint-Gobain-Saint Just, avec une technologie de climatisation, incidence de l’éclairage naturel et acoustique. Un projet qui doit se faire sans hâte, afin qu’il puisse protéger et prévenir une nouvelle tragédie pour Notre-Dame de Paris.
Ce serait l’œuvre de la vie spirituelle et inspirante pour les temps difficiles d’aujourd’hui. Un travail remarquable ayant le pouvoir d’unir la France et les pays de religion catholique.
Si l’un des passages de la Vierge Marie est le couronnement du ciel, le couronnement de Notre-Dame est de le recouvrir de vitraux. Comme le symbole d’une reine est une couronne, nous appelons ici la couverture, comme une couronne divine, “La Couronne Divine”. Une couronne de lumières et de couleurs pour éclairer l’obscurité nocturne annonçant et préfigurant que la joie et l’arrivée de la lumière seront bientôt présentes pour toujours et à jamais. Le plafond de plomb est totalement contraire à la durabilité, en raison du risque de contamination par un incendie. Le verre est le matériau qui convient le mieux à cette couverture.
Fluctuat nec mergitur. Il est battu par les flots, mais ne coule pas.
Amen.
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