Pourquoi le Tour de France 2020 a été une belle réussite
Pour les différentes raisons listées ci-dessous, pari réussi donc pour cette Grande Boucle 2020, disputée hors vacances scolaires et en temps de Covid-19. Deux nouveautés et contraintes qui avaient suscité de nombreuses inquiétudes avant le grand départ donné à Nice le 29 août.
La “bulle course” n’a jamais été percée
La principale crainte résidait dans celle de voir des coureurs ou équipes exclus de l’épreuve après des tests PCR positifs. Les équipes restaient en effet à la merci d’une exclusion pour deux cas de Covid dans leur effectif, encadrement compris -ce qui représente une trentaine de personnes par équipe.
Résultat: sur les quatre vagues de tests avant et pendant le Tour, aucun des coureurs n’a été positif. Lors de la première journée de repos le 7 septembre, seulement quatre personnes issues de l’encadrement de quatre équipes différentes (AG2R La Mondiale, Cofidis, Ineos, Mitchelton) ont obtenu un résultat positif et ont dû partir.
Testé positif (asymptomatique), le directeur du Tour, Christian Prudhomme, a lui aussi quitté l’épreuve au début de la deuxième semaine pour s’isoler durant sept jours. Il a pu reprendre sa place le 15 septembre après avoir subi un test négatif. Au final, seulement 5 cas positifs connus ont été enregistrés sur environ 2700 tests effectués sur 650 à 700 personnes dans la “bulle course”.
L’éloignement des médias, du public qui a été privé de selfies et d’autographes ou encore les protocoles de podiums avec distanciation physique sont des mesures semblent donc avoir été suffisantes.
Les spectateurs ont respecté les consignes
C’était l’une des autres grandes craintes de ce Tour: voir trop de monde sur le bord des routes sans masque sanitaire. Finalement, au gré des images diffusées par France Télévisions sur ces trois semaines, le port du masque, qui était de toute façon obligatoire suivant les différents arrêtés préfectoraux, a été très bien respecté par les spectateurs, même si on a pu voir par moments quelques personnes le visage nu, notamment dans les grands cols.
KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Plusieurs étapes dans des départements en “zone rouge” (Rhône, Ain et Isère entre autres) ont aussi dû être adaptées, avec une présence limitée de spectateurs dans les zones de départ ou d’arrivée. Ce sera aussi le cas à Paris ce dimanche, département également en “zone rouge”, avec une présence limitée à 5000 spectateurs sur les Champs-Élysées.
Entre autres mesures, le paddock des équipes situé près de la place de la Concorde ne sera pas accessible et le public ne sera pas autorisé sur la partie du circuit final empruntant la rue de Rivoli, juste avant la ligne droite d’arrivée.
Les Français se sont (un peu) montrés
Les coureurs français avaient particulièrement été en vue lors de l’édition 2019: Julian Alaphilippe (Deceuninck Quick Step) avait passé 14 jours en jaune, Romain Bardet avait décroché le maillot à pois et 5 Français avait terminé dans le top 15. Cette année, cela ne s’est pas passé exactement de la même façon pour le cyclisme tricolore. Le premier français, Guillaume Martin (Cofidis) finit 11e à près de 17 minutes du maillot jaune. Warren Barguil (Team Arkea – Samsic) est, lui, 14e à 31 minutes.
On a quand même connu quelques satisfactions, même si Thibaut Pinot a déçu et termine “un tour tracé pour ses qualités de grimpeur” relégué à la 29e place à près de 2 heures de Tadej Pogačar. Le leader français de la Groupama – FDJ a eu le malheur de chuter dès la première étape à Nice. Julian Alaphilippe a de nouveau endossé le maillot jaune, mais pour trois jours seulement. Il a aussi remporté la deuxième étape à Nice, tandis que Nans Peters (AG2R La mondiale) a lui pris celle de Loudenvielle dans les Pyrénées.
Anne-Christine POUJOULAT / AFP
Un tour très montagneux avec une belle découverte
Huit étapes de montagne, 3 étapes “accidentées”, 29 cols et 4 arrivées au sommet… Le tracé particulier de cette 107e édition, qui a fait râler les sprinteurs, a permis de dynamiter la course dans les massifs montagneux, délivrant un beau duel entre les Slovènes Primoz Roglic (Jumbo Visma) et Tadej Pogacar jusqu’à l’avant dernier jour, saupoudré de coups de panache des coureurs colombiens comme Daniel Felipe Martinez (EF Pro Cycling) ou Miguel Angel Lopez (Astana), tous les deux vainqueurs d’étape.
KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Convaincu de sa trouvaille -21,4 km de montée avec une pente moyenne de 7,8%- avant même la 17e étape, le directeur du Tour Christian Prudhomme l’avait annoncé: “Le col de la Loze, qui est extraordinaire, prendra sa place assez régulièrement dans le Tour de France.”
Les organisateurs ont peut-être trouvé la clef au verrouillage de la course par les armadas du peloton avec un cadenas qui tenait toujours de plus en plus près de l’arrivée sur les étapes traditionnelles.
Mercredi, le groupe de favoris, qui s’étire d’ordinaire façon collier de perles jusqu’aux derniers 500 mètres, a cassé cette fois à 4 kilomètres de la ligne. Pour plus d’un quart d’heure de montée à grand spectacle entre coureurs éparpillés comme des billes sur un toboggan géant.
Des audiences télé qui ont cartonné
Habitués aux après-midis de juillet, les téléspectateurs du Tour ont dû se familiariser avec celles de septembre. Ce nouveau calendrier a très bien fonctionné: au 15 septembre, France 2 réunissait 3,4 millions de téléspectateurs en moyenne pour 36% de part d’audience chaque après-midi. Pour les débuts d’étape, France 3 captivait 2,2 millions de téléspectateurs en moyenne, soit 20% de part d’audience. La première semaine du Tour a été la meilleure première semaine en audiences depuis l’édition 2013, notait L’Équipe le 9 septembre.
De belles audiences qui s’expliquent par plusieurs critères, selon Laurent-Eric Le Lay, patron des sports de France Télévisions, interviewé par Europe 1: “L’ensemble des Français aiment le Tour de France et pour eux, de revoir le Tour de France, c’était une forme de renaissance. Et de voir cet événement vivant passer tout au long des routes françaises était une manière de voir le pays revivre”, estime-t-il, mettant aussi en avant “la période du mois de septembre (…) extrêmement favorable” pour les audiences et la bonne première semaine des coureurs français. Le Tour de France et le cyclisme ne restent cependant pas au goût de tout le monde.
Une belle note d’espoir pour l’avenir du sport sous Covid-19
“Le Tour de France doit être le signe que nous pouvons continuer à vivre, c’est le signe de la résilience de la société”, avait déclaré Olivier Véran avant l’épreuve. Le message du ministre de la Santé trouve donc un bel écho trois semaines plus tard, ce Tour 2020 inédit ayant démontré qu’une compétition d’envergure mondiale, de longue durée, avec du public, pouvait se tenir et se terminer sans accroc en temps de pandémie.
Malgré l’accélération du virus, les grands rendez-vous sportifs et culturels doivent se tenir à chaque fois que c’est possible, a lui plaidé Emmanuel Macron en visite sur le Tour le 15 septembre. “Il était extrêmement important dans ce contexte de montrer qu’il faut vivre avec le virus (…) Pendant des mois le virus sera là. Cela veut dire que tout ce qu’on peut faire avec de bonnes règles on doit essayer de le tenir”, a-t-il martelé.
Désormais, tous les regards se portent à nouveau sur la France avec le tournoi de Roland-Garros qui débute le 27 septembre. Un nouveau gros test pour une compétition d’envergure mondiale, qui, on l’espère, obtiendra le même succès sanitaire et populaire que le 107e Tour de France.
À voir également sur Le HuffPost: À 21 ans, il collectionne les vignettes Panini du Tour de France
Laisser un commentaire