PYGMALION
Anthony ASQUITH et Leslie HOWARD – GB 1938 1h36mn VOSTF – avec Leslie Howard, Wendy Hiller, Wilfrid Lawson, Marie Lohr… Scénario de George Bernard Shaw, W.P. Lipscom et Cecil Lewis, d’après la pièce de théâtre de George Bernard Shaw. Oscar 1939 du meilleur scénario adapté.
Du 29/12/21 au 18/01/22
Le professeur Henry Higgins, expert en phonétique, fait la connaissance de la jeune Eliza Doolittle au langage populaire. Avec son ami, le colonel Pickering, il fait le pari de la faire passer pour une duchesse…
En Angleterre, plus que dans tout autre pays, l’accent est un marqueur social qui vous stigmatise. Mieux encore, pour l’auditeur averti, il incarne une forme de carte d’identité qui renseigne non seulement sur la catégorie socio-culturelle du locuteur, mais sur la zone géographique dont il est originaire. S’emparant avec gourmandise de ce constat dont il a poussé le mécanisme à l’extrême, le dramaturge George Bernard Shaw signe en 1912 Pygmalion où transparaissent son aversion pour le puritanisme des classes dominantes et son féminisme avant-gardiste. Conscient que le cinéma pouvait lui offrir une caisse de résonance d’une bien plus grande ampleur que le théâtre, il adapte lui-même la pièce pour le grand écran. Résultat : un petit bijou d’intelligence d’une étincelante modernité.
L’expérience d’Higgins dépasse ses espérances les plus folles lorsqu’Eliza, qui concentre tous les regards lors d’une soirée digne d’un conte de fée, est prise pour une princesse hongroise par un expert linguistique… formé par Higgins lui-même ! L’ironie de Bernard Shaw est à son comble : il suffirait donc de faire le singe savant pour passer du caniveau aux palais, quitte à tromper les oreilles les plus aguerries ? Sauf qu’Higgins, tout à son orgueil démesuré, a oublié que sa créature était humaine. Bien plus intelligente qu’il ne le soupçonnait, Eliza se rebelle contre son « créateur »…
À la fois abject, méprisant et misanthrope, Leslie Howard campe avec superbe le linguiste dévoré par l’hubris. À ses côtés, Wendy Hiller est aussi irrésistible dans le registre comique que bouleversante lorsqu’elle est blessée. Nerveuse, efficace, rythmée, la réalisation sert formidablement le propos de ce film à (re)découvrir d’urgence. (F. Garbarz)
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