Réparer les dégâts du macronisme
Le président de la République nous l’a bien fait comprendre tout au long de l’été : la nomination d’une ou d’un Premier ministre, « c’est qui je veux, quand je veux ».
Emmanuel Macron se donne ainsi l’illusion de maîtriser encore un peu une vie politique qu’il a lui-même rendue chaotique : un nombre record de députés d’extrême droite, une Assemblée nationale éclatée porteuse d’une instabilité politique digne de nos anciennes républiques, un Président qui a perdu toute légitimité.
Il va falloir réparer les dégâts politiques du macronisme. Malheureusement, il faudra attendre pour cela les prochaines élections présidentielles et législatives.
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D’ici là, la personne qui va bientôt être nommée à Matignon aura des problèmes économiques plus urgents à résoudre. Déjà, remettre de l’ordre dans les comptes publics : après 5,5 % de déficit budgétaire l’an dernier, autant pour cette année et autour de 5 % pour l’an prochain, les comptes publics français sont sur une mauvaise pente. Certes, les créanciers internationaux continuent à sursouscrire nos émissions de dette et la politique monétaire de la Banque centrale européenne mène désormais les taux d’intérêt sur une pente descendante.
Populisme poujado-fiscal
Mais la dynamique française n’est pas bonne. Maîtriser les déficits uniquement par la réduction de la dépense est impossible : il faudrait en tuer la première source, la protection sociale, avec un effet très délétère sur la croissance et sur la société.
Il faudra en passer par des hausses d’impôts bien choisies – de nombreuses options existent – et rompre avec le populisme poujado-fiscal du futur ex-ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, dont la seule proposition estivale a été de supprimer la taxation des primes des athlètes olympiques médaillés !
Il faudra également au locataire de Matignon trouver les moyens de faire renouer les entreprises françaises avec l’innovation. Le pied sur l’accélérateur de la politique de l’offre depuis 2014 n’a rien donné : cette année-là, le déficit du commerce extérieur s’établissait à 15,4 milliards d’euros, il était de 56,4 milliards l’an dernier, en dégradation constante depuis 2015. La compétitivité se gagne par des produits innovants et chers, pas par les baisses d’impôts sur les riches et les entreprises.
Réparer les services publics
Il faudra aussi remettre sur pied nos services publics. Soyons directs : notre police, notre système de santé, notre système éducatif prennent l’eau. Il faut des moyens et une organisation mise au service du public. Bref, il va falloir réparer les dégâts économiques du macronisme.
Enfin, selon les données de la World Inequality Database, les 1 % les plus riches concentraient 10,8 % des revenus en 2017 et 12,7 % en 2022. Durant la même période, le taux de pauvreté est passé de 14,1 % de la population à 14,4 %. Il va aussi falloir réparer les dégâts sociaux du macronisme.
Celle ou celui qui va s’installer à Matignon a devant lui un chemin de plus en plus étroit qui va bientôt se réduire à une corde raide. Il y faudra un sacré talent d’équilibriste. Attention à la chute.
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