Réveillon du Nouvel An: les vœux de Macron achèvent une « annus horribilis »
POLITIQUE – La dernière fois qu’il s’est directement adressé à ses concitoyens, Emmanuel Macron apparaissait en gros plan, les traits tirés, souffrant, à son tour, d’une maladie qui a affecté des millions de Français et bouleversé la vie du pays au cours de ces derniers mois.
C’était le 18 décembre, il venait de s’isoler à la résidence de La Lanterne après un test positif au Covid-19. Treize jours et une “grosse fatigue” plus tard, le président de la République présente ses vœux à la nation depuis le palais de l’Élysée. Les quatrièmes de son mandat, les premiers depuis que le mot “coronavirus” s’est imposé au centre des discussions.
Le chef de l’État va tenter de reprendre la main après une annus horribilis balayée par cette pandémie historique qui l’a forcé à mettre en pause son quinquennat réformiste. Car en un an, rien ne s’est passé comme prévu.
Le quinquennat mis -un temps- sur pause
Le 31 décembre 2019, Emmanuel Macron, planté pendant près de 20 minutes devant les jardins de l’Élysée, parlait d’une France n’ayant “pas connu un tel élan depuis des années.” Satisfait de s’être dépêtré de la crise des gilets jaunes, il martelait sa volonté de voir aboutir ses projets, souvent contestés dans la rue, la réforme des retraites en tête. Quoi qu’il en coûte.
“J’ai conscience que les changements bousculent souvent. Mais les inquiétudes ne sauraient pousser à l’inaction. Car il y a trop à faire. (…) C’est pour cela, que la réforme des retraites à laquelle je me suis engagé devant vous et qui est portée par le gouvernement sera menée à son terme”, promettait-il lors de ses vœux.
Patatras, à la mi-mars, le chef de l’État, confronté à la “réalité immédiate, pressante” de l’épidémie, annonçait la suspension de toutes “les réformes en cours”, dont celle des retraites qu’il avait promise. “En guerre” contre le Covid-19, il exhortait alors les Français à la “mobilisation générale.”
Suivront des mois imprévisibles, rythmés par la succession des conseils de défense sanitaire, des annonces de restrictions puis de leurs assouplissements, et des polémiques sans fin sur les masques ou les tests. Jamais, au fil de ses huit allocutions télévisées -et des records d’audience- le chef de l’État n’a réussi l’unité nationale autour de lui. Jamais, non plus, il n’a dégringolé dans les sondages.
“Quoi qu’il en coûte”
Après avoir endossé l’uniforme de chef de guerre, Emmanuel Macron a finalement enfilé le costume de président protecteur, appelant sans cesse à “l’unité”. Forcé de se muer en dirigeant d’un État omniprésent, dépensier comme jamais, il a lancé la mobilisation de tous les moyens nécessaires face à la crise, avec un mot d’ordre: “quoi qu’il en coûte”.
Fort de sa complicité affichée avec Angela Merkel, le chef de l’État a également porté “la grande avancée” que représentait à ses yeux l’adoption par l’Union européenne du plan de relance à 750 milliards d’euros.
Une bérézina aux élections municipales plus tard, Emmanuel Macron a profité du début de l’été et d’un retour à une certaine normalité pour tenter de relancer une fois de plus son quinquennat. Exit Édouard Philippe, remercié alors que sa cote de popularité ne cessait de grimper, le chef de l’État pariait alors sur Jean Castex, un quasi-inconnu, pour tourner la première page de sa présidence.
Las, deux mois plus tard, l’épidémie chamboulait la rentrée et la reprise économique que devait booster l’injection des 100 milliards d’euros du plan de relance. Et rebelote: l’exécutif, obligé d’instaurer un couvre-feu suivi d’un reconfinement national, a dû répondre aux mêmes procès en impréparation essuyés au printemps.
Rattrapé par le terrorisme, à l’offensive sur le régalien
Pas de quoi calmer la volonté d’Emmanuel Macron de reprendre la main sur son quinquennat. Prônant la stratégie du “vivre avec le virus”, quand la pression sanitaire n’est pas trop forte, le président de la République a profité de l’automne pour sortir des questions sanitaires et s’attaquer au régalien, considéré comme un angle mort du macronisme. Avec les risques politiques que cela comporte.
C’est aux Mureaux, dans les Yvelines, qu’il a présenté début octobre sa stratégie pour lutter contre l’islam radical, longtemps attendue. Avant d’être rattrapé par l’actualité quelques jours plus tard avec le retour des attentats terroristes sur le sol français: la décapitation du professeur Samuel Paty le 16 octobre par un islamiste russe tchétchène de 18 ans, puis l’attentat de la basilique Notre-Dame de Nice qui a fait 3 morts le 29 octobre.
Face à la très forte émotion de la population, l’exécutif a alors durci son discours sécuritaire avant de s’empêtrer, à nouveau, dans une crise politique provoquée par la concomitance de la controverse sur la loi “Sécurité globale” et du scandale provoqué par les images de policiers tabassant le producteur de musique Michel Zecler.
Dans ce contexte lourd, Emmanuel Macron a toutefois réussi à reprendre l’initiative pour 2021 en proposant un référendum qui inscrit la défense de l’environnement dans la Constitution, à quelques mois de la tenue de l’élection présidentielle. Une échéance pour laquelle le chef de l’État affiche sa prudence, évoquant, au média en ligne Brut le 4 décembre dernier, d’éventuelles “choses dures” qui rendraient “impossible” sa candidature. À quoi faisait-il allusion? À seize mois du premier tour, pas sûr que l’on en sache beaucoup plus. Peut-être pour ses derniers vœux du quinquennat, en 2021?
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