Shanghai déclare ses 3 premiers morts du Covid depuis le confinement
La Chine n’a rapporté depuis le début de la pandémie que 4.641 décès officiellement liés au coronavirus, un chiffre extrêmement faible eu égard au nombre d’habitants du pays le plus peuplé du monde (1,4 milliard d’habitants).
Une réussite sanitaire attribuée à sa stratégie zéro Covid: confinements dès l’apparition de cas, isolement des personnes testées positives, visas délivrés au compte-goutte, quarantaine à l’arrivée sur le territoire ou encore traçage des déplacements.
Faible taux de vaccination chez les seniors
Capitale économique du pays, peuplée de 25 millions d’habitants, Shanghai est touchée depuis plusieurs semaines par une flambée épidémique liée au variant Omicron, très contagieux. Elle a entraîné un confinement partiel fin mars, puis total depuis début avril.
Malgré des centaines de milliers de cas positifs enregistrés ces dernières semaines, aucun décès n’avait été rapporté jusqu’alors, suscitant certaines interrogations au vu du faible taux de vaccination chez les seniors. Seulement un peu plus de la moitié des plus de 80 ans ont reçu une dose de rappel.
La mairie de Shanghai a fait état lundi de la mort de trois personnes, âgées de 89 à 91 ans, précisant qu’elles souffraient de maladies sous-jacentes.
Les deux précédents décès annoncés en Chine l’avaient été mi-mars dans la province du Jilin (nord-est), frontalière de la Corée du Nord. Ils étaient les premiers depuis plus d’un an.
Centres de quarantaine
De nombreux habitants de Shanghai, confinés, ont des difficultés ces dernières semaines à s’approvisionner en produits frais, notamment en raison du manque de personnes pour livrer les marchandises.
Des vidéos, non vérifiées, de chiens battus à mort car suspectés de pouvoir transmettre le virus ont par ailleurs provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Il y a quelques jours, des vidéos montrant des habitants hurlant à leurs fenêtres pour exprimer leur frustration ont aussi fait le tour d’Internet.
Beaucoup de Shanghaïens redoutent également d’être envoyés dans les centres de quarantaine, à l’hygiène aléatoire, où les personnes testées positives, même asymptomatiques, sont envoyées pour y être isolées.
Faute de place, les autorités ont dans certains cas réquisitionné des logements de particuliers pour y placer ces personnes, ce qui a provoqué la semaine dernière des heurts entre policiers et habitants. Shanghai ne prévoit toutefois aucun assouplissement des restrictions.
Le service de santé municipal a rapporté lundi 22.248 nouveaux cas – à près de 90% asymptomatiques. Faibles comparés au reste du monde, ces chiffres sont très élevés pour la Chine.
D’après le correspondant de France télévisions en Chine, le confinement pourrait durer encore longtemps: les autorités tablent sur une centaine de cas quotidien d’ici juin. “C’est peu, mais c’est toujours beaucoup au pays de la politique zéro Covid, cela risque donc de durer encore longtemps”, pointe-t-il.
Le Parti communiste chinois (PCC) fait du faible nombre de décès un argument politique, montrant qu’il place la vie des habitants au-dessus des considérations économiques, à l’opposé des démocraties occidentales où le coronavirus a emporté d’innombrables vies.
De son côté, le ministère de la Santé souligne qu’un assouplissement trop important des restrictions risquerait de submerger le système sanitaire et de provoquer des millions de morts.
La lutte contre le Covid, un instrument politique pour le parti communiste
Mais des considérations politiques sont également en jeu, selon de nombreux experts. Le PCC, qui tire en partie sa légitimité de sa gestion de l’épidémie, organisera fin 2022 une grande réunion au cours de laquelle Xi Jinping, le président chinois, devrait obtenir sauf cataclysme un troisième mandat de cinq ans à la tête du Parti.
“C’est une année sensible et cruciale pour le régime”, analyse Lynette Ong, professeur de sciences politiques à l’Université de Toronto (Canada). “La Chine accorde toujours énormément d’importance à la stabilité sociale. Et une crise sanitaire serait potentiellement très perturbatrice dans ce contexte”.
Un élément politique forcément pris en compte par les autorités de Shanghai. Afin d’assurer l’isolement des personnes testées positives, elles ont installé ces dernières semaines des dizaines de milliers de lits dans des centres d’exposition ou des structures préfabriquées.
Les autorités ont toutefois assoupli une politique, très controversée, consistant à séparer les enfants positifs au coronavirus de leurs parents testés négatifs. Le confinement de Shanghai, où transite une grande partie du commerce extérieur chinois, continue de peser lourdement sur l’économie, notamment en matière de production et de transport.
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